Tribunal militaire dAbidjan | L’inquiétant réquisitoire du Gal Kessi !

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Brillamment promu Contre-amiral en fin d’année dernière, pour sa loyauté et ses grandes qualités militaires, Ange Kessi Bernard Kouamé s’est engagé à donner une signification en la politique d’émergence du Président Alassane Ouattara

[Dossier dirigé par TOURÉ Vakaba, Abidjan]

Côte d’Ivoire | Alors qu’il s’évertue à en achever d’autres, les dossiers à relent criminel continuent de pleuvoir sur le monumental bureau circulaire du chef du parquet militaire d’Abidjan.

Il s’agit étrangement de dossiers criminels des plus retentissants de l’histoire de l’armée ivoirienne. Le cinglant et spectaculaire réquisitoire produit vendredi par le magistrat militaire, l’officier générale Ange Kessi Kouamé, n’en dit pas moins le contraire. Face à des journalistes issus de la presse nationale et internationale, le Contre-amiral s’est permis de faire le tour d’horizon des dossiers criminels, ainsi que ceux à scandale, qui ont manifestement cristallisé les attentions durant ce premier trimestre de l’année 2019.

Des gestes et des preuves pour comprendre

Au titre des affaires nouvelles, on retiendra par exemple le meurtre d’un gendarme à l’escadron de gendarmerie de Yopougon, la mort du maréchal des logis Maudy Jorès Rivarol Amaffou à Toroguhé, l’étrange décès d’un autre gendarme à Daoukro ainsi que bien d’autres découvertes, aussi surprenantes, voir déconcertantes, les unes, les autres. C’est le cas notamment de celui en rapport avec cette curieuse découverte d’armes de guerre, en possession d’un individu identifié comme étant Sylla Matchè, caporal relevant du rang des Forces armées de Côte d’Ivoire [FACI]. Autant de dossiers criminels, qui auront eu le triste mérite d’avoir solidement étrangler la grande muette, mettant à rudes épreuves, procéduriers, magistrats, psychologues et spécialistes des questions militaires, depuis l’entame de l’année en cours. Le sérieux et la pertinence de ces dossiers ne sauraient en aucun cas être traités aux pas de courses. Et la juridiction militaire le sachant, passe désespérément des nuits blanches à réfléchir, espérant comprendre le mobile exact ou probable de la survenue constante de tels drames dans les rangs des forces.

Les enquêtes ont fini par révéler que mdl Maudi s’est lui-même donné la mort

Le 08 novembre dernier, le mdl Brou Éhoussou Jean trouve la mort, poignardé par son collègue au moyen d’un couteau à cran d’arrêt, alors qu’il poursuivait sa copine, par suite d’une banale altercation.

Lundi 1er avril, le corps sans vie de mdl Maudy Jorès Rivarol Amaffou aperçu dans une guérite, au sein même de l’école de gendarmerie de Toroguhé, la tête perforée par une balle tirée d’une mitrailleuse de type kalachnikov. Au centre du récit de ce drame, une dame, mdl Kouadio Ahou Élisabeth, celle là même avec laquelle il entretenait des relations amoureuses, alors en stage dans la même école.

Dans la foulée, la jeune gendarme entretien une seconde relation amoureuse avec un cadre de l’école, justifiant son acte par une certaine infidélité de mdl Maudy ainsi que la passion prononcée de celui-ci pour les ragots. Plus tard, les deux amoureux en reviennent tout de même à faire la paix, relançant à nouveau leur amitié. Suite à un bref séjour passé ensemble à Daloa, la jeune dame doit rallier la ville de Bouaké (centre ivoirien), son lieu d’affection. Le 1er avril 2019, au petit matin, alors que les deux tourtereaux s’apprêtent à se rendre à la gare, mdl Ahou va surprendre dans les toilettes son ami, se livrant à une série de manèges inhabituels.

L’infortuné expliquera à sa copine qu’il fait des cauchemars dans lesquels il assiste à ses propres funérailles. Ce qui n’a pas empêché mdl Ahou d’effectuer son voyage. De retour à l’école, le gendarme se transporte dans le maquis installé juste en face de l’établissement, retire la puce de son téléphone portable et la tend à la tenancière. À celle-ci de la garder en souvenir de lui. « Aujourd’hui, je serai colonel-major mais je ne serai plus de ce monde ».

Où sont passées la discipline et l’éthique?

À l’occasion d’une conversation téléphonique avec mdl Ahou, qui se plaignait auprès de son copain de ne l’avoir pas rappeler au fin de s’assurer si elle était bien rentrée à Bouaké, la maréchal des logis renchérit en des termes particulièrement hallucinants. « Dans quelques instants, tu n’entendras plus parler de moi, mais ne te reproche rien, car moi seul sait pourquoi et comment je suis mort »

Le même refrain, il le fera publier au moyen des réseaux sociaux, en l’adresse de plusieurs de ses amis, subjugués qu’ils fut par ses délires d’un autre genre. À 11h, le gendarme se rend alors à la guérite, demande à la sentinelle, l’élève sous-officier Koffi Kouadio Anicet d’aller appeler le chef de poste. Celui-ci prend soin d’emporter son arme. Mdl Maudy l’en dissuade, lui demandant de la poser sur la table. Peu après, alors que Anicet ne revenait pas, il envoie son second, le sous-officier Begnia Gnanzet à sa recherche. Il exigera également de ce dernier de ne pas emporter avec lui son arme. Suite au départ de ce dernier, l’infortuné va utiliser l’une de ces armes en sa possession pour se donner la mort.

Selon le haut magistrat, la thèse du suicide est la vraie

À l’arrivée de l’un des sous-officiers, il était déjà trop tard. Mdl Maudy  sen est allé sur le coup!

À Daoukro, le 24 décembre 2018, mdl Gnamien Kouassi et Kouamé Amoin Nadège, sa concubine, sont étrangement retrouvés tous les deux, les corps sans vie dans un établissement servant d’hôtel. L’enquête ouverte à cet effet a révélé une probable intoxication alimentaire. Une thèse appuyée par les conclusions d’une expertise médico-légale ordonnée par le Parquet militaire. La cause criminelle ayant été exclue, le Parquet militaire va se dessaisir au profit du Parquet logé au tribunal de première instance de Bongouanou, compétente en la matière.

La sécurité sur les routes est sans doute gage de stabilité

Plusieurs autres dossiers criminels, notamment celui concernant ce récit bouleversant d’un fonctionnaire de Police prétendant s’être fait détrousser de son arme de dotation sous prétexte qu’il aurait été agressé dans un taxi. Arrêté et aussitôt placé sous écrou, l’adjudant Daleba Jean Pascal devra solidement se réarmer pour affronter le feu roulant des questions du Parquet militaire.

Ensuite, le Contre-amiral a dans sa ligne de mire, ce dégoûtant dossier concernant l’assassinat du sergent-chef Meïté Aboubacar, suite à une embuscade, à l’occasion d’une opération de sécurisation à Bouna.

Le contre-amiral s’engage à faire la lumière sur tous les agissements criminels dans les rangs des forces armées

Quand au directeur de l’hôpital militaire d’Abidjan (HMA), une saisine émanant du sieur Fulgence N’Guessan concernant deux sages-femmes ainsi que le directeur lui même, les accuse d’être responsables du décès de son épouse et de sa progéniture, tous les deux décédées au cours d’une césarienne mal réalisée, parce-que celui-ci n’avait pas payé la totalité du montant exigé pour l’opération. Le Parquet militaire à confié au commandant de la Gendarmerie territoriale, une enquête pour violation de consigne et non-assistance à personne en danger.

Pour boucler ce chapitre largement dédié à la délinquance et aux agissements criminels dans les services de polices et au fond des casernes, plusieurs autres dossiers marquants où figurent en bonne place, le racket et l’escroquerie aux concours son également à l’affiche des procès qui démarrent dans 72h.

L’unité de lutte contre le racket mène aux côtés du Parquet militaire, une excellente collaboration

Pour preuve, le 15 mai dernier, le Directeur général de la Police nationale, le contrôleur général Kouyaté Youssouf, avait informé le Parquet militaire d’un cas de bavure qui a eu lieu à Sipilou (frontière ouest avec la Guinée). Le sergent de police Koné Laciné avait abattu un conducteur de moto-taxi qui avait refusé de lui remettre 1000 fcfa.

Deux jours auparavant, soit le 13 mai, la préfecture de police à arrêté et conduit devant le Parquet militaire, les maréchaux des logis Gbané Ismaël, Koné Mameri, et N’Cho Aka Guy Roger, tous en service à l’escadron commando de Koumassi (sud d’Abidjan) qui se livraient à des actes de racket sur des opérateurs économiques d’origines sénégalaises (…). La liste est longue, et met très longue!

Historique et légendaire, cette arme de fabrication soviétique produit une puissance de feu dévastatrice

Le commissaire du Gouvernement n’a pas manqué de rappeler que lors de sa récente adresse à la nation, le Président de la République Alassane Ouattara, avait déclaré qu’il veillerait à ce que les agents abonnés au racket soient sévèrement sanctionnés.

En cela, le Procureur militaire a salué la grande efficacité de l’unité de lutte contre le racket (ULCR), sous la houlette de son directeur dont le sérieux, le professionnalisme et l’acharnement au travail, ne fait plus l’ombre d’aucun doute.

La Police tout comme la Gendarmerie demeurent au rang des corps les plus agités du fait de la délinquance avérée d’hommes en armes

Ange Kessi a aussi salué la collaboration active du commandant supérieur de la Gendarmerie, et du directeur général de la Police nationale, tous ayant compris le sens du ferme attachement du président de la République en la rigueur et en la l’égalité du service public.

C’est le lieu de reconnaître la loyauté et la parfaite confraternité entre le Procureur militaire et ses collaborateurs, avec au premier rang, magistrats, greffiers et autres personnel militaire et civil.

Il en est également pour le service communication, animé par les nommés Aboli Jean-Marc Koffi, Bony Raoul, Edmond Yao, qui travaillent sous la supervision de la charismatique lieutenant Lézou. Ils constituent la chaîne de transmission entre le tribunal et les justiciables, en terme de fourniture d’informations.

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