✍️ Par Toure Vakaba du Kabadougou
Autrefois havre de paix et de stabilité, la ville d’Odienné a progressivement perdu de son charme et de sa légendaire cohésion, au point de ressembler à une ville épave.
Il n’en restent plus que de vieilles vestiges, rappelant les bons moments de ce paisible royaume, l’épopée, le courage et la grandeur de ses chefs kablas, soutenus des grandes familles Siguinani. Ces castes relativement hierarchisées, organisées et disciplinées, étaient jadis adulées et significativement respectées durant le séduisant règne des Touré.
Ruiné et bombardé par des conflits interminables, ourdis et planifiés par des clans organisés, cet empire des Touré, alors porté par sa Majesté, l’intimidant et redouté roi Moctar Touré, semble désormais rangé aux calendres grecques.
Le temps s’égrène, l’espoir s’amenuise, désespérément, et cette situation du moins paradoxale, nous renvoie ironiquement à l’adage qui fait référence au «cordonnier mal chaussé».
Sinon comment comprendre que ce peuple, pourtant essentiellement orienté et acquis à la cause du président Alassane Ouattara, soit laissé pour compte, au profit d’opportunistes, d’affairistes, de voyous, de parvenus et de squatters sans foi ni loi, qui en font leur «machin», impunément, sans être inquiétés. Qu’attends on pour mettre deffinitivement à la touche cette nébuleuse gangrène, incapable de reconstruire Odienné et d’en apporter la paix et la stabilité ?
Dans la foulée, tout a été profané. À la surprise générale, la terre de «Vakaba dougou», (actuel Odienné), est curieusement portée à bout de bras par des gens qui n’en auraient nullement la qualité si les us et coutumes n’avaient pas été sciemment bafouillés, pillés et torpillés. À Odienné, tout est à refaire et à remettre en place.
Traînée par terre, piétinée, trahie, souillée et abandonnée qu’elle reste par de dangereux aventuriers, devenus experts dans l’art de la propagande, cette opération ronflante, exagérée, et mensongère qui consiste à instrumentaliser et intoxiquer nos compatriotes à travers villages et hameaux du «District autonome du Denguelé» (c’est la nouvelle appellation) pour détourner l’intelligence de la nouvelle génération, occultant intentionnellement le nom «Kabadougou», appellation emblématique de baptême, donnée par l’ancêtre Vakaba Touré il y a plusieurs siècles.
Sale, boueuse, broussailleuse et ordurière par endroits, la voie centrale qui relie les quartiers «Yan ha fissa» (ici est mieux) et résidentiel, a été étrangement colonisée par de gigantesques nids de poules et de dépotoirs malfaisants, qui foisonnent au nez et à la barbe de ses «supers enfants».
C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler aux cadres et élus, «stars» devant l’éternel à Odienné, leur véritable devoir : La reconstruction active et effective de la ville, qui peine royalement à démarrer, au moment même où «Ouattara champion» n’hésite plus à évoquer sa future retraite présidentielle, inquiète sérieusement. Ils en porteraient irréversiblement la responsabilité si les choses demeuraient à ce stade..
Depuis plus de dix ans que le président est aux affaires, et alors qu’il aurait «tout donné», l’immigration clandestine et sauvage aux frontières avec le voisin Guinéen de Conakry, le chômage, l’insécurité, les conflits politiques entre familles et cadres, les disparités régionales, les injustices, sans oublier le taux inquiétant d’analphabétisme à l’échelle de la région qui inquiète et exaspère, en ont rajouté à la misère de ce brave peuple du nord-ouest ivoirien qui ne survit que grâce aux maigres revenus de l’anacarde.
Quand à la ville, rien n’a concrètement changé. Elle est par contre devenue sous Alassane Ouattara, un gigantesque sanctuaire, sans âme, sans identité. La preuve indiscutable que ce bastion historique du RHDP n’a fait que de la figuration politique pour ne rien obtenir en échange du risque, de son indéfectible engagement et fidélité déployés à la cause du Président. En clair, seule une petite colonie d’élites en ont profité, se moquant éperdument d’une population qui attend certainement leur faire payer ce qu’elle croit être une injurieuse trahison.
L’édition 2023 du Mahouloud musulman devrait donner lieu à des réflexions intelligentes et fraternelles, pour dégager ensemble, main dans la main, la véritable thérapie qui devrait, à temps réel, redonner vie, paix et stabilité à Odienné.
«Tant qu’ils ne feront pas la paix, le président de la République ne pourra rien faire. C’est ce qu’il a toujours répété et c’est ainsi qu’il fonctionne. (…)», m’a confié un ami, collaborateur du président de la République.
Tout est donc encore et toujours possible. Croisons donc les doigts. Bonne fête à tous et à bon attendeur…