SOMMET RUSSIE-AFRIQUE : L’Érythrée, partenaire sûr de Moscou

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Parmi les chefs d’État présents à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet 2023 pour le deuxième sommet Russie-Afrique se trouve le président érythréen Issayas Afewerki. Il s’est envolé hier mercredi à bord d’un avion russe. L’Érythrée était plutôt proche des États du Golfe et de la Chine jusque-là. Mais depuis la guerre en Ukraine, elle n’a cessé d’afficher son amitié avec Moscou, qui bénéficie ainsi de la position stratégique de ce petit pays très fermé de la Corne de l’Afrique.

Depuis un peu plus d’un an qu’il est l’ambassadeur de la Russie en Érythrée, Igor Mozgo s’est beaucoup montré à Asmara. Il a successivement rencontré des étudiants et leurs professeurs. Il a plusieurs fois serré la main du ministre des Affaires étrangères Osman Saleh, dans son bureau. Il a rendu visite à certains de ses homologues, aux représentants locaux de l’ONU, à des officiels et des dirigeants du parti unique, et dernièrement au chef du protocole de la présidence, ainsi qu’au puissant ministre de l’Information et proche conseiller du président Issayas Afewerki, Yemane Gebremeskel.

L’amitié russo-érythréenne s’affiche fièrement en effet, et pas seulement à l’ONU à New York et Genève, où Asmara s’aligne toujours sur les intérêts de la Russie, notamment sur la question ukrainienne, et ce depuis les premiers jours du conflit.

Le président érythréen reçu avec les honneurs par Vladimir Poutine

Cette année, pour la première fois dans l’histoire de l’Érythrée, un ministre russe des Affaires étrangères, en l’occurrence Sergueï Lavrov, s’est déplacé jusqu’à Asmara, en janvier dernier. Et le chef de l’État érythréen lui-même, qui s’absente rarement hors de son pays, a visité Moscou pendant quatre jours fin mai, où il a été reçu avec les honneurs par Vladimir Poutine.

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Au cours de son voyage, cet homme secret et méprisant la presse internationale, qui dirige seul l’Érythrée depuis son indépendance, s’est d’ailleurs livré à une rare et longue interview avec un média russe. Et, en présence de son hôte du Kremlin, il s’est dit convaincu que « la Russie joue son rôle » pour mettre « l’ensemble de l’humanité sur la voie de la solidarité et de la coopération entre peuples libres ».

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Ceci étant, hormis les questions politiques et sécuritaires, qui offrent à la Russie un allié fidèle au sein de l’Union africaine et de l’organisation régionale IGAD, le président érythréen a plusieurs sujets plus prosaïques à son agenda de Saint-Pétersbourg : une usine de pièces de camions, le développement de services bancaires, l’ouverture d’un département de russe dans un établissement public d’enseignement supérieur d’Asmara, l’exploitation de ses importantes ressources minières jusque-là sous-traitée à des compagnies canadiennes ou chinoises.

L’enjeu d’une base «logistique» russe en Érythrée

Mais il y a aussi et surtout cette « base logistique » navale que veut la Russie depuis 2018, quelque part sur le rivage érythréen, soit dans le port de Massaoua, soit dans le port d’Assab, qui avait ces dernières années servi de base arrière à l’aviation des Émirats arabes unis pour ses opérations militaires au Yémen.

Car il faut dire que l’Érythrée, avec ses 2 200 kilomètres de rivage sur la mer rouge, occupe une position dominante sur le détroit de Bab el-Mandeb, face au Golfe persique, entre Djibouti au sud et l’Égypte au nord, un potentiel point d’étranglement du commerce mondial.

« Faire bénéficier la Russie de sa position stratégique pourrait également l’aider à contourner ou alléger, voire à faire lever, les sanctions qui frappent certains de ses militaires, en raison de leur implication dans les crimes commis au cours de la guerre dans le Tigré », explique un ancien haut fonctionnaire érythréen désormais en exil. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie a du reste déjà soutenu publiquement la levée des sanctions qui frappent les Érythréens.