Magazine | Le dragueur…Ce fut Macron!

Magazine | Le dragueur…Ce fut Macron!
Former French Economy Minister and founder of political movement 'En marche!' (On the move!) Emmanuel Macron and his wife Brigitte Trogneux during a public meeting held at Le Zenith event hall in Montpellier, southern France, on October 18, 2016. Photo by Alain Robert/ABACAPRESS.COM | 567698_110 Montpellier France

« C’est Emmanuel Macron qui a capté ce qu’était Brigitte, et pas le contraire »

Pour écrire son ouvrage, Il venait d’avoir dix-sept ans, la journaliste Sylvie Bommel a marché dans les pas de Brigitte Trogneux à Amiens, au Touquet, en Alsace. Interrogé proches et moins proches pour comprendre cette femme qui a tout plaqué pour vivre son amour avec un homme de vingt-quatre ans de moins qu’elle, Emmanuel Macron. Interview.

En 2017, elle signait Penelope, un premier ouvrage pour lequel elle se glissait dans la tête de Mme Fillon, celle qui a fait basculer la présidentielle, femme de l’ombre baignée bien malgré elle dans la lumière. Deux ans plus tard, la journaliste Sylvie Bommel, spécialisée dans les portraits de personnalités pour Vanity Fair et le JDD, s’attache à raconter l’autre vie de Brigitte Macron. Celle avant l’Élysée, avant Emmanuel. Quand Brigitte Trogneux n’était encore qu’une jeune fille, puis une jeune mariée, mère de trois enfants. Elle a voulu comprendre comment une femme issue de la bourgeoisie de province a osé faire face à la morale populaire et vivre une autre vie, qu’elle n’avait pas prévue. «Comme je l’avais fait pour Penelope, je me suis approchée au plus près de l’histoire de Brigitte (une fille du baby-boom elle aussi) pour savoir ce qu’elle dit d’une époque, ce qu’elle dit de nous, les Françaises», s’explique Sylvie Bommel. Éléments de réponse.

Madame Figaro. – Dans votre ouvrage, vous abordez longuement l’enfance de Brigitte Trogneux, grandie dans la «moyenne», dites-vous, bourgeoisie amiénoise. Alors qu’on imaginait une élève modèle, une Macron avant Macron, on découvre une enfant plutôt dissipée…
Sylvie Bommel. – On a tous cette image de la jeune femme très cultivée qui aurait baignée dans les œuvres de Montaigne. En réalité, elle a eu son bac en 1972, à 19 ans. Cela a retenu mon attention parce que je l’ai passé la même année qu’elle, et j’avais deux ans de moins. Par ailleurs, un documentaire de France 3 ajoutait qu’elle l’avait eu avec mention Très Bien. J’ai épluché une tonne de Courrier Picard pour trouver l’information, et découvrir qu’elle avait obtenu le bac avec mention Assez Bien. Mais ce qui est important, c’est que Brigitte Trogneux a eu plusieurs vies à bien des égards. Deux vies amoureuses, bien sûr, avec l’histoire que l’on connaît. Mais aussi deux vies dans le sens de carrière. D’un côté, elle a été une élève moyenne qui aimait s’amuser, s’est mariée jeune et a commencé à travailler dix ans après son mariage. Aujourd’hui, elle est présentée comme la professeure de français émérite de Franklin, incontestée de tous.

« Mademoiselle âge tendre » et jeune mariée

Vous citez une ancienne camarade de la jeune Brigitte Trogneux : «Elle se piquait parfois de lire les grands auteurs mais, l’été, en tout cas, elle était comme nous toutes, plus intéressée parMademoiselle âge tendre (un magazine pour jeunes filles dans les années 1960, NDLR)que par Racine»…
Il y a chez Brigitte un côté à vouloir souvent trop en faire. Elle a d’ailleurs tendance, je trouve, à faire des citations là où il n’y en a pas besoin. Dans sa première grande interview accordée à Elle en 2017, elle citait Voltaire, Prévert et parlait de bonheur leibnizien, par exemple. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai dû aller voir ce qu’était la définition du bonheur leibnizien… Même quand vous remontez à ses années amiénoises, quand elle était professeure de théâtre, ses choix de pièces étaient toujours très sophistiqués. J’ai tendance à penser qu’elle aime bien montrer.

Les Amiénois rencontrés au fil de votre enquête vous ont décrit André Auzière, le premier mari de Brigitte Trogneux, comme un homme «discret», «rigoureux», «très droit», qui «laissait toujours parler sa femme», «un peu taciturne». Qu’avez-vous appris sur ce mariage ?
Je veux insister sur l’époque. Quand Brigitte Trogneux se marie, nous sommes en 1974, elle a 20 ans. Comme je l’écris, la pilule, c’est tout récent, loin d’être évident pour tous. II y a l’idée qu’il ne faut surtout pas être enceinte sans être engagée, que la meilleure façon de vivre c’est de se marier. Toutes les sœurs de Brigitte (Anne-Marie, Maryvonne et Monique, NDLR)l’ont d’ailleurs fait avant elle, se marier, avoir des enfants « avant 30 ans » comme on disait à l’époque. Une fois qu’on sait tout cela, on rencontre un garçon un week-end au Touquet et voilà. André et Brigitte se marient le 22 juin 1974. Leur premier enfant, Sébastien, naît en 1975.

« André Auzière a choisi de disparaître »

Brigitte Trogneux croise le chemin de l’élève Emmanuel Macron en 1993. Les rumeurs commencent à courir courant 1994. S’ensuivent douze ans d’amour clandestin, alors que Brigitte est toujours mariée à André Auzière. Comment expliquer la position de ce dernier ?
Ce que j’ai pu comprendre au gré de mes recherches, c’est qu’il n’avait pas un tempérament belliqueux. Brigitte et lui se sont mis d’accord assez vite sur le fait qu’il fallait avant tout préserver les enfants (Sébastien, Laurence et Tiphaine, NLDR). Lui travaille à Lille la semaine, quand il rentre le week-end, elle n’est pas là. Il aurait pu refuser tout cela. Pourquoi il n’a pas fait de scandale, je n’en sais rien. Après le divorce en janvier 2006, André Auzière a choisi de disparaître, de ne pas faire parler de lui. Certains disent qu’il vit quelque part en région parisienne. Passionnés par cet homme énigmatique, les journalistes anglais ont fouillé partout, sans rien trouver. J’ai quand même un petit soupçon sur le fait qu’on ait effacé toute trace de lui sur Internet.

Pourquoi Brigitte n’est-elle pas partie plus tôt ?
Elle ne voulait pas planter ses enfants. C’est quand même une femme qui a fait passer son devoir de mère avant tout. Elle a ce côté très famille, encore aujourd’hui, avec ses petits-enfants. Brigitte, c’est tout le contraire de tout plaquer. Et puis, il fallait de toute manière être un peu pragmatique. Emmanuel Macron n’avait pas de quoi les faire vivre.

Comment les Amiénois ont appréhendé cette relation à l’époque ? Et aujourd’hui ?
À l’époque, quand ça arrive, la famille Trogneux est très très fâchée. Je ne parle pas du père, qui est déjà décédé, mais du frère aîné de Brigitte, Jean-Claude, qui tient pignon sur rue et qui a le rôle de patriarche. Évidemment, ça cancane énormément dans la bourgeoisie d’Amiens. Un peu moins au lycée, où il ne se passe pas grand-chose. Comme me l’a dit une camarade de théâtre d’Emmanuel Macron, ils avaient vu l’histoire arriver, ils ne voulaient pas les embêter. Ne pas embêter Laurence non plus, qui est lycéenne à l’époque. Les amis de Brigitte se retiennent aussi. L’affolement par ailleurs ne dure pas. Dès lors qu’Emmanuel est envoyé à Paris, à l’été 1995, et que l’histoire n’a plus lieu sous leurs yeux, tout cela devient moins intéressant. À partir des années 2000, elle commence à le présenter et les gens sont assez séduits. Les temps ont changé, ils ne voient plus en lui le gamin intello, mais un jeune énarque à la future carrière florissante. Et puis, aujourd’hui, à Amiens ou au Touquet, tout le monde adore Brigitte. Difficile de trouver quelqu’un qui dit du mal d’elle.

« Un président c’est Atlas, ce dieu qui porte la voûte terrestre », extrait de l’interview de Brigitte Macron sur RTL

Brigitte Macron : un président «c’est Atlas, ce dieu qui porte la voûte terrestre»
La première dame a répondu aux questions de Marc-Olivier Fogiel jeudi 20 juin, sur RTL. Au cours de l’entretien, elle a comparé Emmanuel Macron, mais aussi tous les autres présidents, au Dieu Atlas sur qui pèse une «chape de plomb».

« Ils aiment ces choses qui font battre le coeur »

Vous dites que Brigitte Trogneux a «ce côté très famille». A contrario, Emmanuel Macron semble très distant vis-à-vis de ses parents et ses frère et sœur…
Dès le départ, le rapport familial paraît très compliqué. Sa mère a toujours souffert de la perte de son premier enfant (une fille mort-née un an avant la naissance d’Emmanuel, NDLR). Dans mon livre, je surnomme d’ailleurs Emmanuel Macron « l’enfant de remplacement », un terme de psy. Ce que j’ai voulu expliquer, c’est qu’il s’est éloigné très vite d’une possibilité de projection dans sa famille. Il y a cette idée qu’il a voulu se construire lui-même. Il l’écrit d’ailleurs dans le premier chapitre de son livre, Révolution : « D’aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours eu cette volonté-là : choisir ma vie. » Depuis la sortie de mon livre, j’ai rencontré un de ses proches qui m’a dit que j’aurais pu en faire plus sur sa famille et son entourage. Il est vrai qu’on lui connaît peu d’amis, il y a quelque chose de très solitaire chez cet homme-là.

Au fil de votre ouvrage, on apprend que pour ses secondes noces avec Emmanuel Macron, Brigitte Trogneux a choisi le même lieu que pour les premières, Le Touquet, et la même salle de réception, à savoir l’hôtel Barrière Le Westminster. C’est aussi le même maire qui officiait ! Tout cela vous a beaucoup interrogé, n’est-ce pas ?
Je crois qu’Emmanuel Macron a toujours entraîné Brigitte à faire des choses assez folles… Pour lui, dans ce mariage, je vois vraiment une manière de dire « vous avez vu, vous nous avez malmenés, vous n’avez pas cru en notre histoire, vous pensiez qu’on se cacherait, eh bien non, je l’épouse à la face du monde ». Beaucoup ont cette conviction que Brigitte a capté Emmanuel très jeune, a vu qu’il était hors-norme, a mis la main sur lui de manière très opportuniste. Mais je pense que depuis le premier jour, c’est Emmanuel qui a capté ce qu’était Brigitte, et pas le contraire. Elle était tout sauf une femme malheureuse quand il l’a rencontrée.

Comment décririez-vous ce couple aujourd’hui ?
Atypique et extrêmement uni. Leur passion romanesque pour la littérature les rassemblera toujours, ils aiment ces choses qui font battre le cœur, c’est leur point de rencontre. La durabilité de leur couple est évidente. Je ne crois d’ailleurs absolument pas aux rumeurs sur l’homosexualité d’Emmanuel Macron, ni aux tensions qui peuvent exister entre eux. Je pense en revanche que cela va être dur d’inventer de nouveaux couples présidentiels après eux. Celui-ci est unique. C’est pour cela qu’il fascine jusqu’en Chine.

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