Guerre en Ukraine : Fatigués de mentir sur les faits, les médias français dans l’impasse

Guerre en Ukraine : Fatigués de mentir sur les faits, les médias français dans l’impasse

Il était temps. Les médias mainstream (MM) n’en sont pas encore à s’aligner sur les informations et interprétations issues des réseaux sociaux (RS), mais les lignes se rapprochent.

Le même principe s’est appliqué au covidisme : les MM ont mis 2 ans à admettre que les injections ne limitaient ni la transmission ni le déclenchement de la maladie. Au fond, on peut dire que les MM ont 2 ans de retard sur les RS en matière de vérité.

C’est donc tout naturellement qu’au bout de 16 mois de guerre en Ukraine, France Info et TF1 commencent à faire leur boulot, c’est-à-dire délivrer une info presque impartiale, même si ça leur déchire la gueule. Car au-dessus, il y a les intérêts du gouvernement, du lobby militaro-industriel, et encore au-dessus, la Commission européenne, elle-même inféodée à l’OTAN et au Pentagone. Autant dire que dans cette sombre hiérarchie, il est difficile de produire un peu de vérité de terrain, surtout si elle est favorable aux Russes.

Cependant, le mensonge ou la désinformation n’ont qu’un temps : l’écart entre le réel et le contenu des MM devient tel, qu’il n’est plus tenable devant le grand public. Un nombre grandissant de Français voit bien, par exemple, que le pseudo-vaccin ne fonctionne pas, qu’il a été imposé pour des raisons économiques et pas pour des raisons sanitaires. D’ailleurs, on ne parle plus de vacciner toute la population, enfants compris.

Pour ce qui concerne le conflit russo-ukrainien, le mantra de la Russie qui va s’effondrer économiquement (voir la sortie de Bruno Le Maire) et militairement (voir les sorties de tous les généraux en plateau) s’est finalement effondré sur lui-même : les Français constatent que les Russes tiennent fermement la partie sud russophone du pays, qu’ils ne veulent pas envahir toute l’Ukraine, que la contre-offensive ukrainienne n’avance pas malgré le matériel occidental flambant neuf (c’est le cas de le dire), que leurs pertes sont colossales et que les communiqués de victoire des rédactions de LCI ou C à vous s’étiolent.

Nous avons pris deux exemples de reportages qui s’éloignent de la propagande d’État – la Macronie veut la guerre et la défaite de la Russie – pour se rapprocher du réel, c’est-à-dire du terrain.

Les otanistes français ont poussé des hauts cris quand TF1 a diffusé ce reportage presque pro-russe : « Dans les tranchées avec les soldats russes ». Pourtant, rien de bien extraordinaire : les défenses russes sont profondes, dans tous les sens du terme. Et ce n’est pas Poutine qui a soufflé cette info : il suffit de jeter un œil sur les Telegram des combattants Ukrainiens.

Second exemple, ce reportage de France Info, qui découvre la lune :

Le début de cette contre-offensive, il y a une dizaine de jours, a provoqué un véritable tir de barrage russe. Un véritable déluge de feu qui s’est abattu sur cette ville devenue la base arrière de l’armée ukrainienne.

À mots couverts, le site d’infos du SPA reconnaît que la contre-offensive non seulement n’avance pas, ou peu, mais qu’elle génère des « pertes ». L’adjectif « lourdes » n’est pas encore utilisé, il le sera peut-être dans le prochain reportage, devant les faits. Tout doit être compris en creux. Heureusement, les deux reporters ont trouvé la faille dans le dispositif russe : il ne faut pas désespérer Billancourt.

Les soldats ukrainiens restent confiants, car ils auraient trouvé la brèche dans le dispositif militaire russe. C’est ce qu’affirme ce lieutenant qui souhaite garder l’anonymat : « Nous avons repéré un point faible dans la défense russe sur cet axe. Nous avançons pour percer leurs lignes », explique-t-il.

Alors qu’on se dirigeait vers une contre-offensive qui a réussi sa percée, soudain, France Info atterrit : les « lourdes pertes » sont là. France Info reconnecte avec le réel.

C’est dans cette partie de l’Ukraine que l’armée russe est parvenue à relier le Donbass à la Crimée. Une continuité territoriale que les forces de Kiev tentent de briser au prix de lourdes pertes. « Nos soldats sont jeunes, reprend le lieutenant. Ils avancent comme le
faisaient les Russes à Bakhmout. On se moquait d’eux et c’est à notre tour de subir des pertes, car c’est plus difficile d’avancer que de rester dans les tranchées. Du coup, on perd beaucoup d’hommes ». Et plus l’armée ukrainienne avancera sur ce terrain à découvert, plus elle s’exposera aux attaques russes.

La fin du reportage du 19 juin 2023 est annonciatrice de pertes plus lourdes encore.

Pourtant, le 12 juin 2023, tous les espoirs étaient encore permis pour France Info, qui invitait l’ancien officier Guillaume Ancel. Nous avons choisi les meilleurs morceaux de son intervention.

« Tous les jours, ils tentent de multiples assauts contre le dispositif russe. lls font entre 10 et 20 offensives par jour. Pour l’instant, ils cognent sur le mur comme contre une vitre blindée. Quand on veut détruire une vitre blindée, on s’acharne dessus. Et normalement, au 10e ou au 15e coup, la vitre s’effondre toute seule. »

Pour Ancel, la propagande russe nous a fait croire que l’armée russe était ultramoderne et efficace :

Alors qu’on pensait que la Russie n’allait faire qu’une bouchée de l’Ukraine, 16 mois après le début de la guerre, beaucoup d’observateurs militaires admettent aujourd’hui s’être trompés. « Pourquoi est-ce qu’on s’est laissé tromper par la propagande russe ? Parce que même Poutine s’est laissé intoxiquer par la puissance de son armée », a affirmé l’ancien militaire. L’homme fort du Kremlin « a mis énormément d’argent pendant 20 ans » dans son armée. Mais cette dernière « a fonctionné comme la société de Poutine », a-t-il expliqué. « C’est devenu une société mafieuse qui a détourné une grande partie des fonds qui ont disparu dans des poches privées et au lieu d’acheter le matériel très moderne qu’ils montraient à tout le monde, en fait, il n’en avait pas de stocks », a-t-il affirmé. En fait l’armée russe, « c’est l’armée soviétique, c’est l’armée d’il y a 40 ans ».

Le clou de l’intervention porte sur l’élimination de Poutine :

Guillaume Ancel pense « que la guerre s’arrêtera avant que les Ukrainiens n’atteignent la Crimée ». Selon lui, si le président ukrainien Volodymyr Zelensky « déstabilise le dispositif militaire russe et le met en échec, le pouvoir de Poutine vacille ». « Il n’y aura pas de paix durable en Europe tant que Poutine sera au pouvoir. Mais qui peut éliminer Poutine ? Seulement les Russes, il n’y a que son régime qui peut l’éliminer et c’est ce qu’ils feront dès le moment où ils seront en échec pour ne pas être emportés par son échec », a-t-il expliqué.

Bref, il y a un léger mieux chez France Info, mais il y a encore du travail pour qu’un Ancel soit remplacé par un Husson ou par un Moreau en plateau, histoire d’équilibrer les points de vue…

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