Bureau d’Abidjan | Par TOURÉ Vakaba
Abidjan, 22 octobre 2019, le Tribunal Militaire d’Abidjan reçoit la presse locale et internationale. Ordre du jour, le point trimestriel des activités du parquet militaire. Au pupitre de l’imposante table de conférence qui meuble toute seule la petite salle logée au rez-de-chaussez de l’immeuble qui abrite le siège de la juridiction militaire, un homme tout de blanc vêtu, en l’abri de solides épaulettes frappées d’étoiles or métallique, se dresse face aux journalistes. Le Contre-amiral Ange Bernard Kessi Kouame, puisqu’il s’agit de lui, appuyé du commissaire principal de police Alain Oura, le virevoltant patron de l‘unité de lute contre le racket [ULCR], d’émissaires en charge des questions de bonne gouvernance, d’ong et de collaborateurs, a tenu à faire un rapide tour d’horizon des acquis…
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…ainsi que la foule de dossiers criminels en cours d’instruction.
Concernant la récurrente question du racket, le commissaire du Gouvernement a noté une nette diminution de ce fléau, mais reste persuadé qu’il s’agit d’un combat qui nécessite du temps et de l’endurance. « Vous êtes d’une utilité inégalable, vous êtes une source d’information pour nous, donc des partenaires sûrs dans notre quête d’assainissement dans les rangs des armées. Nous vous en remercions (…) » a indiqué le chef du Parquet Militaire de Côte d’Ivoire, s’adressant aux journalistes. « Désormais, pour chaque cas de racket, nous aurons affaire au chef de service duquel est issu l’auteur. Ils nous doivent des explications », a-t-il poursuivi. Par ailleurs, à martelé le chef de l’unité de lutte contre le racket [ULCR], « 33 individus dont 21 policiers et 12 gendarmes, sont poursuivis pour des délits de racket pour le compte des affaires en cours ».
Concernant la mort tragique du mdl Kayo Yves Odilon, le commissaire du Gouvernement explique attendre les résultats de l’expertise médico-légale, qui devra techniquement déterminer les causes significatives ayant conduit à ce drame, qui survient, peut de temps seulement après celui de mdl Modi, à Toroguhé. « Nous avons été informé et on parle de suicide. Seule une autopsie nous situera clairement » , a-t-il ajouté.
Revenant sur l’interminable dossier du racket et bien d’autres infractions diverses, dont surtout les viols, escroquerie, extorsion de fond, le haut gradé n’a pas manqué de regretter l’absence assourdissante des témoins en l’occasion de procès criminels. Même constat fait par le chef de l’unité de lutte contre le racket dont le Contre-amiral a eu à saluer publiquement le courage, la collaboration laborieuse et l’efficacité dans l’accomplissement quotidien de ses attributions.
« En effet… » poursuit le magistrat, « un autre constat plus ou moins identique laisse savoir que la majorité des plaignants qui sollicitent le Tribunal Militaire sont de surcroit d’origines étrangères. Les ivoiriens sont étrangement absents sur les listes. (…) »
À la question de savoir pourquoi certains officiers de la police judiciaire exigent des justiciables, de l’argent comptant en vue de retraits de plaintes, le Général de brigade s’est voulu manifestement claire et précis. « Jusqu’à preuve du contraire, les retraits de plaintes ne sont pas payants. Et celui qui s’y adonne tombe sous le coup de la loi et vous devez porter plainte contre ces personnes. »
« S’il vous arrive d’être témoin d’un cas de racket quelconque et que vous avez réussi à filmer, vous nous aurez rendu grand service et vous êtes les bienvenus au Tribunal Militaire. Si le policier ou le gendarme vous brutalise ou confisque votre appareil, il ne fera qu’aggraver sa situation » , a précisé Ange Kessi, sous les regards étonnés de journalistes et collaborateurs. La rencontre avec la presse s’est achevée en fin de matinée autour d’un repas.
TV. copyrigth, octobre 2019 [ Reproduction interdite]