« Nous avons actuellement un sérieux problème concernant le marché dit du faux-thon. Lorsque les grands thoniers entrent dans le port, ils déclarent détenir une part de poisson destinée à l’exportation et une part pouvant être allouée au marché local.
Le prix de la partie du thon destinée à l’exportation, transformé localement à la conserverie industrielle, est basé sur le marché international. Nous avons rencontré récemment de fortes spéculations sur le prix du faux-thon qui a dépassé le prix du marché international, créant des dommages directs à l’approvisionnement d’AIRONE » , aexpliqué Dr Sergio Tommasini, Président Directeur Général d’Airone, rapportée par le journal en ligne intitulé Abidjan.net.
Selon le journal, le sieur Sergio dit avoir « saisi, par lettre, les autorités compétentes devant cet état de fait sérieusement préoccupant, et entend également saisir les représentations diplomatiques à cet effet’.
‘’Cette spéculation pose un sérieux problème dans les relations entre les entreprises industrielles et ceux qui travaillent à l’intérieur du port pour collecter le faux-thon qui, à sa sortie du port, est destiné au marché de détail pour la production de Garba. Ce qui verra inévitablement une augmentation du prix au détriment de la population ivoirienne’’, se serait lamenté le patron de AIRONE, si l’on en croit à Abidjan. Net.
À l’occasion de sa rencontre avec le confrère, l’italien n’a d’ailleurs pas hésité de mettre en garde « contre le risque de perte d’emplois de milliers de travailleurs ivoiriens si cette spéculation incontrôlée ne prend pas fin et il ne sera pas possible d’éviter de calculer les dégâts au niveau industriel et de prendre des mesures drastiques qui pourraient affecter le niveau de l’emploi ». « Le rapport entre le poisson transformé et la part de l’emploi est proportionnel et sans le poisson, il est normal que les gens soient destinés à rester chez eux’’, aurait-il déploré, dans un extrait mise en ligne par le confrère le 07 octobre 2021.
Pour en savoir d’avantage sur ces affirmations prêtées au patron de l’entreprise italienne, nos reporters s’étaient aussitôt transportés sur le périmètre très prisé du port de pêche d’Abidjan, occasion d’une recoupe plus rationnelle et authentique de l’information.
À notre arrivée, nous sommes étonnés de voir entreposés sur la terre ferme, une foule de containers dont on déclare bondés de poissons thon. De nombreux opérateurs et armateurs trouvés sur place, confirmeront cette observation.
« Les explications du premier responsable de AIRONE sont erronées et même insensées. La réalité est toute autre. Demandez-leur, ils vous répondront avoir certainement un soucis particulier ou peut-être un projet caché », dixit très remonté un opérateur particulièrement hors de contrôle.
« Nous recevons tous les jours, une floraison de bateaux de pêche. Ils sont français, espagnols, chinois, coréens et mêmes ghanéens. Comment peut on à cette allure se permettre d’affirmer qu’il y a pénurie de poissons thon. C’est archi faux! », renchéri un autre qui dit par ailleurs s’interroger sur « les motivations d’une si abominable campagne d’intoxication et de spéculations ». Pour ce dernier, les affirmations de la direction de AIRONE auront pour « conséquences de salir la filière, jetant indiscutablement le discrédit sur les efforts du gouvernement qui se bat comme il peut pour maintenir la réputation ivoirienne de destination incontournable de cet important produit halieutique ».
C’est en vain que nous avons tenté de joindre la direction d’AIRON, occasion de confronter les arguments. Alors que le thon abonde, comment comprendre les raisons fondamentales d’une pareille spéculation, dès lors que cette entreprise est présentée comme bénéficiaire de certaines largesses de l’État ivoirien, notamment en matière d’allègements fiscaux. Est ce parce qu’elle reste devoir de lourdes ardoises aux armateurs, qu’elle n’arrive pas à regler ou tout simplement une opération de distraction qui, à terme, devrait leur permettre de contrôler le marché local? Pour quelle(s) raison(s) refuse t-on à AIRON d’avoir accès aux cargaisons qui mouillent tous les jours, les côtes ivoirienne ? Pourquoi leurs confrères de SCODI et PÊCHE ET FROID (…) ne se plaignent-t-ils pas, alors que tous prospèrent dans le même domaine? La suite de nos investigations permettra sûrement de faire la lumière sur cette affaire qui fait débat aux larges de la lagune Ebrié.