Tribunal Militaire d’Abidjan | Affaire Criminelle
Le Parquet militaire d’Abidjan se prépare enfin à faire la lumière sur l’une des affaires criminelles des plus scandaleuses de ces dix dernières années. Il s’agit de ce sulfureux fait divers qui s’est produit à Arrah (sud-est ivoirien), et qui met en cause, six fonctionnaires de la Gendarmerie Nationale de ce pays, en service au moment des faits, sous le toit de la brigade de la ville. Sur la base d’informations tronquées, non maîtrisées, il a plu à ces salariés, casqués, bottés, armes aux poings, d’ôter injustement la vie à six agents de la Société ivoirienne de pompes funèbres (SIPOFU), au moyen de leurs dotations mécaniques, pourtant commises en la stricte sécurisation des biens et des personnes.
Retour sur le déroulement des faits
Les explications, tels qu’exposer par les promoteurs de l’entreprise de sépulture, employeurs desdits défunts, sont hallucinantes. Depuis la fin de la première moitié de l’année 2017, les familles victimes, qui s’en sont remises depuis lors, en la sagesse du Parquet militaire d’Abidjan, attendaient, désespérément, dans la douleur et le recueillement, la manifestation de la justice.
Et pourtant ! L’expédition s’expliquait simplement par le transfert d’une dépouille féminine dans la localité d’Andé, mitoyenne à la sous-prefecture de Bongouanou (chef-lieu) et l’entreprise avait mandaté six collaborateurs (des porteurs), à l’effet de prendre place à bord d’un véhicule décrit comme étant une Toyota Picnic, occasion d’escorter le corbillard, un engin de type Mercedes, de couleur blanche, qui transportait la dépouille; cette dernière présentée par des témoins, comme étant de surcroît la génitrice d’un individu, relevant du corps de la Gendarmerie.
C’est dans un silence assourdissant, ce vendredi 26 mai 2017, que l’escorte funèbre, feux de détresse pétants et sirènes retentissantes, quitte son établissement logé au sous quartier Km17, sis dans la commune populeuse de Yopougon, pour s’ébranler ensuite vers Andé, où l’inhumation était prévue le lendemain samedi. Au petit matin, après l’oraison funèbre dite en l’adresse de la disparue au temple du village, le triste convoi va rallier le cimetière, permettant ainsi en la famille endeuillée de porter en terre, leur compatriote.
Fini leur mission de manutention, les six jeunes employés, y compris le chauffeur, s’installent alors à bord de la Toyota Picnic, pour enfin rejoindre leur base à Abidjan, lorsqu’ils parviennent à Arrah, après avoir aborder le carrefour de Kotobi.
Interrogé, l’unique rescapé de ce carnage, digne d’un film hollywoodien, Gue Joël raconte:
<<une Mercedes bleu-nuit, roulait derrière à vive allure. Il a intimé l’ordre de s’arrêter. À l’intérieur un occupant qui était armé a demandé de garer. Il a intimé aussi l’ordre de descendre. Après cela, il a demandé de se coucher face contre le sol. Ce qui fut le cas. Sans d’autre forme de procès, il a commencé à tirer plusieurs fois à bout portant (…)>>,
une version identique rendue publique par le nommé Dominique Teme, directeur de l’exploitation de l’entreprise, manifestement terrassé par la tristesse. <<Qu’est ce que nous vous avons fait et vous voulez nous tuer?>>, a rapporté le miraculeux qui a eu plus de chance, pour avoir pris ses jambes à son coup, au moment même où l’assassin principal se livrait à une exhibition dégoûtante et éhontée.
La gendarmerie, exploitant une rumeur selon laquelle un opérateur économique viendrait de se faire dérober une importante quantité de numéraires , aurait grossièrement confondu le signalement robot de ces délinquants en celui d’honnêtes citoyens, qui rentraient pourtant d’une expédition funèbre.
Le lendemain dimanche, les dirigeants de la « Société ivoirienne de pompes funèbre » se sont aussitôt transportés en la conservation mortuaire d’Arrah, en vue d’identifier formellement les défunts, tous issus de leur entreprise.
Soucieux d’une Justice de qualité et participative, le magistrat émérite, Procureur militaire, Ange Bernard Kessi Kouame , attend donner une réponse magistrale à cet abominable carnage dont les auteurs semblent avoir d’intéressantes mérites dans l’art de la distraction et du camouflage. Ces comédiens, bruyamment applaudis par une foule d’idiots au moment même de leur forfaiture, étaient sûr et certains d’avoir débarrasser leur zone de compétence de détestables racailles.
Ce redoutable Général de brigade, par ailleurs commissaire du Gouvernement, dont le professionnalisme et la probité continue d’alourdir les galons, est demeuré jusque là, un pertinent équilibriste dont les qualités militaires semblent faire cas d’école sous les casernes.
Pour l’occasion, l’officier général en appelle au calme et en la dignité, invitant à cet effet parents des victimes et les justiciables ivoiriens à cet important procès criminel qui aura pour cadre la salle des conférence de l’État Major Général des Armées, le 12 juillet prochain.
Touré Vakaba, Copyright Juin 2019