Ci-devant, le Contre-amiral Ange Bernard Kessi Kouamé, manifestement en volume et en puissance
[ Dossier dirigé par TOURÉ Vakaba | Abidjan]
Tribunal Militaire dAbidjan | Au quartier chic de Cocody-Angré, dans les encablures des services de Police du 22 èm arrdt, il est 10h, en cette matinée du vendredi 17 mai 2019, lorsque l’officier général, le redoutable patron du parquet militaire du pays, tout de blanc vêtu, casqué et tenue d’apparat frappée d’étoiles, fait son entrée dans la salle de conférence logée au rez-de-chaussée de l’imposant bâtiment blanc à deux niveaux, qui abrite l’institution judiciaire ou l’attendaient des collaborateurs et journalistes, triés sur le tas.
La rencontre consiste à faire le bilan des activités du tribunal placé sous son commandement. Le Contre-amiral a passé au peigne fin, autant les affaires nouvelles que les affaires anciennes.
Ange Bernard Kessi Kouamé a décidé de faire régulièrement la lumière et de manière publique, sur le contenu et le fonctionnement de son parquet. Des audiences criminelles et correctionnelles et de la simple police, à l’instruction des dossiers dont la pertinence et l’appréciation restent du seul ressort des juges, le Procureur militaire n’a pas porté de gans pour expliquer aux journalistes présents, la gravité des dossiers criminels en instance de jugement, ainsi que ceux, en phase d’instruction.
Le Collaborateur du Président de la République, le visage grave et fermé, s’est permis un impitoyable réquisitoire, pour faire la lumière sur les activités criminelles sans cesse croissantes d’hommes en armes sans foi ni loi, ainsi que sa détermination à les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements. Son objectif, a-t-il martelé, « faire de la Côte d’Ivoire une destination enviable, où seulement l’ordre, la discipline et la sécurité auront droit d’être cités (…) »
La conférence donnée vendredi par l’officier général à permis aux participants, les journalistes notamment, de se faire une idée nette des moyens humains et matériels déployés par l’État, au profit du Tribunal militaire (TMA), pour venir à bout d’un épouvantable libertinage qui semble avoir le vent en poupe, au sein des armées.
À ce jour, l’état des dossiers communiqués au « Bureau des audiences criminelles et correctionnelles », pour leur enrôlement, tourne désespérément autour de délits divers, à savoir:
« (…), meurtre, assassinat, tentative de meurtre, menace de mort, omission de porter secours, défaut de maîtrise et homicide involontaire, blessures involontaires, dissipation d’arme, concussion, violation de consigne, vol, abus de confiance, consommation de drogue, détention illégale d’arme et stupéfiants, trouble à l’ordre public, outrage, violence et voies de fait, destruction de biens militaires, désertion, escroquerie, extorsion de fonds, corruption d’agents publics nationaux, détournement et soustraction de deniers, coups et blessures volontaires, négligence dans la garde d’un détenu (…) »
Le chef du Parquet militaire a expliqué que les dossiers transmis au service audiences à ce jour, étaient de 135 pour 106 enrôlés. Ange Kessi a par ailleurs indiqué que les audiences pourraient reprendre ce vendredi 24 mai 2019. Une date obtenue suite à une réunion de travail en date du 29 mars dernier, et qui avait réuni autour d’une même table, le haut magistrat et les nouveaux juges devant présider la juridiction militaire. Les nombreux procès qui reprendront à cette occasion pourront être relativement déterminants puisqu’ils aideront à faire la lumière sur une foule d’infractions en passe de jeter l’opprobre sur une armée qui croupie sous le poids des critiques, insultes et moqueries des justiciables.
D’importants procès attendus
Sur le tableau d’affichage, on retiendra par exemple le meurtre au moyen de bavure d’un jeune homme à Katiola (nord ivoirien), par deux sous-officiers de police, mais aussi et surtout, l’assassinat de cinq (5) employés d’une pompe funèbre par des fonctionnaires en service à la brigade de gendarmerie d’Arrah. Ces deux procès sont annoncés pour avoir lieu avant fin juin 2019.
Le plus grave, et qui bat étonnamment tous les records, c’est celui en rapport avec cet incroyable officier supérieur répondant à l’appellation locale de N’Guessan Kouamé Jean Louis. Il avait plu à ce lieutenant colonel, qui a foulé aux pieds toutes les vertus militaires, d’escroquer la bagatelle d’un milliard aux préjudices de 44 victimes. Le mode opératoire choisi par le haut gradé donne froid dans le dos. Officier supérieur de la gendarmerie, l’ancien commandant de l’escadron de protection des hautes personnalités utilisait les logos de son service et de faux bons de commande prétendument émis par la Présidence de la République, dans le cadre du PPU, pour faire naître la confiance en des fournisseurs « qui n’hésitaient pas à lui verser de l’argent ». Ces espèces que le fripouille Percevait indûment, il les utilisait par devers, impunément ! Arrêté et poursuivit pour escroquerie, l’indésirable soldat pourrait être situé sur son sort autour du 18 juin de l’année en cours.
Quand au colonel Morou Ouattara ainsi que deux autres officiers, tous issus des Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI), ils devront également passer devant le juge avant octobre 2019, pour répondre d’une rocambolesque affaire de vol portant sur la somme de cinquante millions (50.000.000 FCFA), frauduleusement soustraits d’une des caisses appartenant aux Forces spéciales ivoiriennes.
Cette autre rubrique, particulièrement hallucinante, pourrait faire dresser des cheveux. Ils s’agit de ces soldats régulièrement abonnés en la détention ou en la consommation de substances classées drogue. Vingt deux (22) personnes dont trois (3) militaires, dix huit (18) gendarmes et un (1) policier ont été formellement identifiés et leurs dossiers passés en instruction.
À l’occasion donc de procès marathons qui devront s’achever avant fin décembre 2019, 1 officier supérieur, 16 officiers, 120 sous-officiers, 23 militaires du rang, répondront respectivement de faits divers et aggravés, qui leur sont reprochés et pour lesquels ils devront apporter des explications à mesure de convaincre le tribunal.
Au titre des faits nouveaux, le meurtre d’un gendarme à l’escadron de gendarmerie de Yopougon par suite d’une banale altercation avec sa copine, au sein même de cette caserne, le récit complet de la mort accidentelle du mdl Mody Jorès Rivarol Amaffou
à Toroguhé, le décès suspect d’un gendarme dans une chambre d’hôtel à Daoukro, le meurtre d’un militaire, à l’occasion d’une patrouille de sécurisation (…)et bien d’autres, sont sur le bureau du Contre-amiral, qui attend les regarder avec une froideur propre à lui afin de pouvoir en déterminer les conséquences.
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Pour savoir, ne manquez sous aucun prétexte la suite de notre dossier, demain lundi 20 mai 2019