Éditorial | Guillaume Soro, l’échec d’une difficile collaboration!

Éditorial | Guillaume Soro, l’échec d’une difficile collaboration!

La rédaction d’une autre histoire commence dans la vie de Guillaume Soro

La défection [très attendue] de Guillaume Soro du cercle fermé d’Alassane Ouattara, n’est que la suite logique d’une <<crise de collaboration institutionnelle, relativement difficile, voir insupportable>>, qui avait fait, dans un passé récent, plusieurs autres victimes dont les plus importantes demeuraient jusque là, l’ancien Premier ministre Banny Konan Charles et le constitutionnaliste Wodié Francis. Et Nombreux sont  les amis de la Côte d’Ivoire qui craignaient, depuis de nombreuses années, ce scénario de voir un jour, le président de la République actuel et son « bon petit », dans une posture diamétralement opposée comme c’est le cas. Sommes-nous vraiment à ce stade?

De toutes les façons, Alassane Ouattara et Guillaume Soro ont officiellement divorcé, à haute voix! Le premier qui semblait vouloir voler la vedette au second, avait annoncé les couleurs deux semaines auparavant, à l’occasion d’un déjeuner avec la presse de son pays, de surcroît, au siège du palais présidentiel à Abidjan. <<Le président de l’Assemblée Nationale remettra sa démission en février>>, avait il martelé devant la presse locale.

En toile de fond, des sources très variées racontent que la collaboration entre les deux personnalités n’était plus parfaite, notamment sur des questions politiques. En effet, revenus d’une rébellion qui a duré un peu plus de dix (10) ans, l’ancien président de l’Assemblée Nationale était à la tête d’une administration parallèle, qui prenait en compte le centre, le nord et l’ouest du pays. Un périmètre important, qui fonctionnait pratiquement comme un État normal, avec une population, son journal [Nord Sud], ses cadres, ses délégations à travers le monde, son armée, sa justice et ses manières. Ils avaient comme fond de commerce, l’or, le diamant, le pétrole, le coton (…). Des ressources financières importantes qui ont aidé à nourrir les ambitions politiques et militaires de l’actuel député de Ferkessedougou et ses camarades.

Au lendemain de l’investiture du président <<élu>> en avril 2011 à la fondation Houphouët-Boigny de  Yamoussoukro, les Forces nouvelles se résignent et adhèrent <<officiellement>> au rassemblement des républicains [RDR], le parti d’Alassane Ouattara.

Des postes sans volume politique réel, sont confiés au collaborateurs du chef des FAFN. Jusqu’à la fin du premier mandat d’Alassane Ouattara, l’hypocrisie s’installe progressivement entre les camarades des deux camps. En clair, le processus de ralliement des partisans de Guillaume Soro au RDR, n’a pas été sans conséquence directe sur leur intégration dans la vie politique de ce parti. Alors que la constitution de l’année 2000 ne prêtait pas en sa faveur pour une seconde candidature, Alassane Ouattara, contre toute attente, réclame un autre mandat. Le Président du Conseil Constitutionnel, le professeur Wodié Francis, dans la foulée, rend sa démission. Le droit semble rentré dans le mur.  Au moyen de la puissance politique que le pouvoir lui octroie, Alassane Ouattara et ses proches commanditent la rédaction d’une nouvelle constitution qu’ils soumettront plus tard à référendum. Avec le soutien d’une coalition soutenue par des associations politiques dont notamment le parti démocratique de Côte d’Ivoire [PDCI], le chef de l’État sortant s’offre une deuxième galette sans vraiment une opposition significative. Passés les premières heures de démarrage émotif du second mandat présidentiel, Alassane Ouattara et son administration se séparèrent étrangement des proches du président de l’Assemblée nationale. Excédé, Guillaume Soro perd sa sérénité habituelle et commence à lancer des flèches au vitriol. Les germes d’une séparation irréversible étaient manifestement réunies.

Guillaume Soro avait il encore la confiance du Président ? Pas si sûr! Depuis le démarrage de son second mandat, leur adversité s’est exacerbée, et le Président de la République a fait ouvertement le choix de ses hommes. Certains ont même grimpé en promotion et en galons. Les partisans du député sont curieusement du nombre des grands oubliés.

Leur collaboration politique et idéologique a été de courte durée. Laurent Gbagbo qui en était l’objectif visé, a été emprisonné et libéré, faute de preuves matérielles pouvant expliquer son implication criminelle dans la crise sociopolitique sanglante qui l’avait emporté.

La Côte d’Ivoire et les ivoiriens, uniques victimes de cette dégoûtante et ordurière aventure, ne sont pas pas au bout de leurs peines.

Au lendemain de sa démission de ses fonctions de la commission dialogue vérité et réconciliation, [CDVR], l’ancien premier ministre Konan Banny Charles, expliquait à l’occasion d’une interview donnée à l’hebdomadaire panafricain <<Jeune Afrique>>, ses infortunes vécues à la tête de cette institution, durant sa collaboration <<controversée>> avec un chef d’État qui <<croît tout savoir>>. En d’autres termes, le président démissionnaire de l’Assemblée Nationale <<a eu le temps de bien connaitre>> le président du rhdp <<avant de se retrouver là où il est>>, a résumé un intellectuel ivoirien.

« Le 3 Avril 2017 a l’ouverture de la session ordinaire, j’ai dit :  » Façon je vois les choses, on veut mettre le RHDP-Unifié en place sans le PDCI ce sera comme si on faisait le RHDP-Unifié contre le PDCI et ça va diviser la cote d’ivoire « 

« Le président a voulu que je rentre dans le RHDP, j’ai pas envie de rentrer dedans, mais je ne suis pas contre le RHDP aussi.
Celui qui veut militer dedans qu’il aille militer, c’est très bien. Mais je ne suis pas le genre d’homme qui cède a un chantage. Je ne suis rien mais par dignité, par honneur, je ne peux pas céder au chantage, je ne peux pas non plus me laisser effrayer.

Si jetais un homme qui cédait au chantage, à l’argent, peut-être qu’ Alassane Ouattara ne serait pas président aujourd’hui.

Qu’est ce que Laurent Gbagbo ne m’a pas proposé avant lui?
Ce n’est pas a 46 ans que je me laisserai corrompre

Il y a des gens qui sont assis, ils sont rassasiés ils racontent leur vie
Qui sait de quoi demain sera fait? » retorque à son tour Guillaume Soro

Touré Vakaba

 

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