CAMEROUN: Des assassins présumés du journaliste Martinez Zogo appréhendés

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L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga à été arrêté aux aurores, peu avant 6h chez lui, à Yaoundé, ce 6 février 2023. Il a carrément été sorti du lit et prié de suivre la forte équipe de policiers et de gendarmes qui a procédé à son arrestation.

Dans le même temps, et de manière quasi concomitante, une autre équipe se déployait chez l’un de ses principaux collaborateurs, le journaliste Bruno Bidjang, Directeur général du groupe de médias de Belinga.

Une autre prise, et pas des moindres, c’est l’ancien commandant de la Garde présidentielle, le colonel retraité Raymond Thomas Etoundi Nsoe, connu pour être le beau-père de Jean-Pierre Amougou Belinga.

Tous les trois sont entendus dans les locaux du Secrétariat d’État à la défense (SED), le très redouté SED où les enquêtes sont concentrées depuis la mise sur pied de la commission d’enquête mixte police-gendarmerie.

Le groupe L’Anecdote, l’empire médiatique de Jean-Pierre Amougou Belinga a publié ce lundi matin un communiqué pour tenter de dédramatiser l’arrestation de l’homme d’affaires. « Il s’agit d’une procédure qui suit son cours », souligne le texte, avant d’inviter ses soutiens au calme et au sang-froid.

Jean-Pierre Amougou Belinga est régulièrement cité dans cette affaire comme pouvant être le ou l’un des commanditaires de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Ce que ce magnat des médias a toujours réfuté en privé.

Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d’influences

L’Anecdote, c’est le nom du premier journal, devenu empire médiatique et industriel, créé par Jean-Pierre Amougou Belinga.

Dans les années 1990, alors que le Cameroun plonge dans la crise politique, après de nombreux petits boulots, Belinga devient donc journaliste. Réputé proche du pouvoir de Paul Biya et aussi de Laurent Esso, l’actuel ministre de la Justice, Jean-Pierre Amougou Belinga étend rapidement son réseau et créé au fil du temps un groupe puissant dans son pays comme dans la sous-région : des chaines de télévision comme Vision 4 et Télésud, une radio, des journaux, mais également une banque et une université privée. Et des liens très forts avec des acteurs politiques, notamment des chefs d’État du continent.

Connu de tous par sa voix grave – entendue parfois sur des messages qui ont fuité sur les réseaux sociaux – l’intéressé dirige d’une main de fer : il a par exemple obligé un journaliste tout juste licencié à faire lui-même l’annonce de son licenciement en direct à la télévision.

« Il n’a jamais caché sa capacité de nuisance », ajoute un confrère, en publiant notamment en 2006 dans L’Anectode le « Top 50 des homosexuels présumés du Cameroun ». Des ministres, directeurs et journalistes cités, mais aucune poursuite judiciaire engagée.

Entendu par contre en 2020 en tant que témoin suite à l’assassinat d’un jeune jet-setteur, Jean-Pierre Amougou Belinga avait dénoncé un complot.