L’effet de surprise a joué à plein dans l’opération du Hamas contre Israël, a déclaré à Sputnik Meir Elran, ancien général de brigade. La situation pourrait encore s’aggraver en fonction de la réponse donnée par Tel Aviv et de l’implication d’autres acteurs régionaux, explique l’expert en sécurité.
Pris de court. L’offensive menée par le Hamas dans les environs de la bande de Gaza avait été planifiée de longue date mais a surpris les renseignements israéliens, a expliqué à Sputnik Meir Elran, ancien général de brigade et chercheur à l’Institute for National Security Studies (INSS).
L’opération signe un « échec majeur » du Mossad et de l’ensemble des services de renseignements israéliens, qui n’ont pas cru qu’un tel scénario pouvait se réaliser. De l’autre côté, le Hamas a réussi son coup en combinant bombardements et pénétration de forces terrestres, souligne l’ancien général de brigade israélien.
« Cela a été une attaque surprise. Nous n’étions pas préparés. C’est un coup dur porté tant aux renseignements qu’à Tsahal. Nous devons l’admettre […] Il s’agit d’une attaque préméditée et planifiée de la part du Hamas, qui gouverne la bande de Gaza. Je pense qu’ils avaient prévu ça depuis longtemps. Ils se sont préparés. Ils ont déployé leurs troupes pour le faire. Ils ont mené une attaque à multiples facettes combinant des roquettes et des missiles lancés contre Israël », détaille-t-il.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Tel Aviv se laisse ainsi abuser. Le déclenchement de la seconde Intifada avait déjà surpris les autorités israéliennes, rappelle l’expert.
Vers le pire?
Alors que des exactions sur des civils israéliens ont été observées, notamment des prises d’otages, Meir Elran craint désormais que la situation ne s’envenime. La réponse israélienne sera en tout état de cause « féroce », ce qui pourrait encore aggraver le conflit avec le Hamas, analyse l’ancien gradé.
« L’autre chose, bien sûr, est la prochaine étape : quelle sera notre réaction à toute cette attaque. Je suis certain que la réponse israélienne sera féroce sur le territoire de Gaza, contre le Hamas. La question est donc: que se passera-t-il ensuite ? Que se passera-t-il avec le Hamas, après une telle contre-offensive israélienne? »
En outre, l’implication d’autres mouvements régionaux, comme le Hezbollah, pourrait encore plus faire déraper le conflit, souligne Meir Elran. Le groupe chiite libanais a d’ailleurs revendiqué plusieurs tirs sur Israël, dans le sillage de l’attaque du Hamas, auxquels Tel Aviv a répondu par des attaques de drones.
« Si tout cela reste dans les limites d’un conflit entre nous et le Hamas, c’est une chose. Mais si d’autres forces dans la région entrent en scène, en particulier le Hezbollah, ce sera une tout autre histoire. Beaucoup plus vaste, beaucoup plus complexe. Cela signifie que le Moyen-Orient peut s’embraser. Cette affaire est donc, très grave, très dangereuse et entraînera de nombreuses conséquences pour la stabilité du Moyen-Orient », explique ainsi Meir Elran.
Ce 7 octobre, le Hamas avait déclenché l’opération Déluge d’Al-Aqsa, tirant plus de 3.000 roquettes sur Israël et progressant dans les alentours de la bande de Gaza. Les combats ont fait plus de 500 morts côté israélien, selon les récentes données des services de santé. Tsahal a accusé le Hamas d’avoir « massacré des civils » jusque dans leur maison. Dans la bande de Gaza, 313 Palestiniens ont été tués et 1.990 blessés, selon le Hamas.