👉 Par Toure Vakaba du Kabadougou
La salle des fêtes de la mairie de Yopougon a servi de cadre mardi 10 Octobre dernier, a une cérémonie de passation des charges entre les conseillers municipaux entrants et sortants de la commune.
Les «camarades» Bictogo Adama et Koné Kafana, escortés d’amis, parents, militants et collaborateurs, tous proches du président Ouattara, se sont tranquillement passés le flambeau, sous un tonnerre de houra et d’applaudissements.Sapés à quatre épingles et riant aux éclats, dans une salle qui refusait du monde, ce baptême aux contours théâtraux, a pu être validé grâce à la présence remarquée du sieur Goun Germain, préfet d’Abidjan, représentant le ministre de l’intérieur et de la sécurité, venu présider le moment solennel.Cependant, l’honnêteté humaine et intellectuelle nous entraîne à rappeler au maire entrant, une partie du bilan cauchemardesque que son prédécesseur, Gilbert Kafana Koné, «haut Représentant du président de la République» (sic), lui laisse en héritage.
RAPPEL DES FAITS
Il est question ici d’un conflit qui oppose le maire sortant, Gilbert Kafana Koné, à 173 acquéreurs, portant sur un périmètre de 23 ha, logé à la lisière de la forêt classée du banco, non loin du pénitencier d’Abidjan.« Le site a toujours été la propriété exclusive du village qui l’a régulièrement passé aux 173 acquéreurs, par ailleurs tous détenteurs d’un titre de propriété. Ils ont chacun un ACD (…) », rappelle le doyen Lobou Boniface, agissant en son nom propre et celui du patriarche du village. Longtemps approuvé et vendu, les 173 bénéficiaires attendaient tout simplement que soient déguerpis la foule de squatters qui s’y étaient indûment installés.Ils ont même eu à attenter une action en justice en vue du déguerpissement de tous ces individus sans foi ni loi.
Les commissaires de justice, régulièrement mandatés pour l’exécution des différentes sommations, revenaient tout le temps bredouilles, pour la simple raison que les contrevenants, se croyant sous la protection de la mairie, opposaient une fin de non recevoir, impunément. Dans la foulée, il se raconte que des responsables municipaux s’étaient autorisés à faire croire à ces forcenés que le site en cause ferait partie du patrimoine immobilier de la commune, faisant naître en tous ces individus, ferrailleurs pour la plupart, l’espoir d’acquérir le sol et d’en s’y loger indéfiniment.
C’est à partir de cet instant que la situation ira de mal en pire. On verra à la fin, la mairie qui utilise ces squatters comme corridor et les 173 acquéreurs qui souhaitent, vaille que vaille occuper enfin leurs lots respectifs.Chemin faisant, un autre procès qui va opposer cette fois, les requérants à la mairie, va tourner à leur avantage. Une «GROSSE» en mains, l’administration municipale est sommée de se retirer du site et de réparer le préjudice.Que de se soumettre à cette décision de justice, le chef de l’exécutif de la mairie a préféré se rebeller, lorsqu’il lui a plu d’effectuer une descente sur le site, soutenue par des fonctionnaires de la gendarmerie, de sa direction technique et du BNETD, pour déloger au forceps les squatters qui lézardaient l’endroit de leur propre chef.Les acquéreurs, croyant enfin que toutes ces opérations étaient effectuées en leur faveur, auront la grande surprise de constater que les agents de la mairie étaient plutôt entrain d’installer de surcroît un asiatique, opérateur économique de surcroît, à leur détriment.
Vu ce qui précède, il reste à croire que «l’ACD» dont les vertus techniques et exécutoires ont été tant vantées par le régime RHDP, pour remplacer le «TF» et le «Certificat de propriété», ont encore une puissance de justice au sens plein.Quel crédit accorder aux signatures et cachets des ministres Vincent Dé, Sanogo Mamadou et Bruno Nabagne Koné, lourdement posés au pied de page des «arrêtés» ronflants, qui peinent étrangement à légitimer les acquéreurs légaux contre les hors-la-loi ?Tous les regards sont irréversiblement tournés vers le désormais maire Bictogo Adama, qui devrait pouvoir courageusement résoudre ce dossier à scandale qui a l’allure d’une bombe à fragmentation.