Médicament préventif, le PrEP est destiné aux séronégatifs. Il permet d’éviter tout risque d’infection par le VIH. C’est ce qui a permis un recul des cas à Paris.

Si le nombre de Français qui découvrent leur séropositivité ne baisse plus depuis plusieurs années, dans la capitale, en revanche, les nouveaux diagnostics ont diminué de 16 %, entre 2015 et 2018. Ce que viennent d’annoncer la Ville et les autorités sanitaires. L’an dernier, 906 Parisiens ont appris qu’ils étaient séropositifs, contre 1 078 en 2015.

Cette baisse est particulièrement importante chez les hommes gays et bisexuels, pour lesquels le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité a baissé de 22 %, voire de 28 % quand ils sont nés en France. Au premier rang des raisons invoquées, l’Hôtel de Ville et l’Agence régionale de santé citent « le déploiement de la PrEP ( NDLR : prophylaxie pré-exposition ) dans la communauté gay ».

Ce traitement, qui vise en priorité les populations à risques, consiste, pour une personne séronégative, à prendre un comprimé de Truvada (ou un générique) pour faire barrage au virus du sida. La France a été le premier pays au monde à rembourser à 100 % ces médicaments. C’était il y a trois ans.

Des comprimés qui bloquent la contamination

« Pendant 30 ans, j’ai eu une trouille totale après chaque test de dépistage du sida. J’étais terrorisé, même en ayant fait attention », résume Michel, la soixantaine, parmi les premiers utilisateurs du Prep. Au début, « on se demande si ça marche vraiment », raconte Enzo, militant chez Aides d’une trentaine d’années cité lui aussi par l’AFP. « Ça prend du temps de déconstruire notre façon de voir la sexualité comme un danger ».

Ces comprimés composés de deux antirétroviraux bloquent la contamination par le VIH. La PrEP n’a toutefois pas vocation, insistent les autorités sanitaires, à remplacer le préservatif, qui est également une protection contre d’autres maladies sexuellement transmissibles. Mais cette pilule que l’on peut prendre tous les jours, ou avant et après des rapports sexuels, « c’est une épée de Damoclès qui a été levée », confirme Alexandre Aslan, médecin spécialiste des maladies infectieuses.

Aurélien Beaucamp, président de l’association de lutte contre le VIH et les hépatites virales Aides, regrette simplement le « déficit d’information sur ce traitement. Nous avons lancé, en début d’année, une campagne d’information sur la PrEP. Il est important de communiquer au niveau national sur ce traitement préventif mais c’est le rôle du ministère des Solidarités et de la Santé. Jusqu’à présent, nous avons été les seuls à le faire. »

Une hausse de 8 % des sérologies

La seconde raison avancée pour expliquer le recul des contaminations à Paris, est « l’augmentation de la couverture du dépistage, qui a pu contribuer à une érosion du nombre de personnes ignorant leur séropositivité ». Le nombre de sérologies réalisées par des laboratoires parisiens, publics et privés, est passé de 493 600, en 2015, à 533 770, en 2018, soit une hausse de 8 %, indique l’agence sanitaire Santé publique France.

Autre point d’attention : « La baisse des nouveaux diagnostics ne concerne quasiment pas les femmes, qui représentent 30 % des découvertes de séropositivité à Paris en 2018. » Ce recul n’est pas non plus significatif pour les personnes qui ne sont pas nées en France, puisque « les HSH (hommes ayant eu des rapports sexuels avec d’autres hommes) nés à l’étranger représentent plus de 40 % des HSH parisiens ayant découvert leur infection en 2018 ». Le combat contre le sida est loin d’être terminé.

By AGM News

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