NIGER ; Un ancien cadre de la BECEAO écrit à Alassane Ouattara

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Excellence Monsieur le Président,
Suite aux sanctions extrêmement sévères et de tous ordres imposées à notre pays par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le 30 juillet 2023, et de la montée des tensions dans notre pays et surtout de la grande incompréhension provoquée au sein de la société nigérienne, je n’ai pas manqué de penser au patron et grand-frère que vous avez été pour moi durant mon séjour à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à partir des années 80. En effet, ces sanctions sont, de notre point de vue, insupportables, inefficaces et inappropriées et auront des conséquences catastrophiques inimaginables sur le Niger et surtout sur ses laborieuses populations, déjà durement éprouvées.

Les populations nigériennes ne comprennent pas pourquoi elles devraient avoir à subir les effets des sanctions prises par les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO uniquement pour contraindre les auteurs du coup d’Etat du 26 juillet 2023 à rétablir l’ordre Constitutionnel et à restaurer le Président Bazoum Mohamed dans ses fonctions.

J’ai pu, régulièrement et à chaque occasion, expliquer à mes compatriotes que vous êtes un ami du Niger et que les mesures iniques prises ne pouvaient être cautionnées par vous. J’ai régulièrement rappelé aux uns et aux autres qu’aux Assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale tenues du mois de Septembre 1997, alors que j’étais envoyé spécial en ma qualité de Conseiller Spécial du président de la République chargé des Questions Economiques et Financières, auprès du Directeur général Adjoint du chargé du Département Afrique que vous étiez, afin de solliciter l’ouverture d’un bureau de l’institution au Niger. Vous aviez alors sans hésiter, donné votre accord pour l’ouverture d’un bureau du FMI. Ce bureau devrait permettre d’assurer un suivi optimal des programmes d’ajustement structurel de la première génération aux conséquence sociales très élevées. Du fait de l’interruption du processus démocratique le 11 Avril 1999, ledit Bureau du FMI n’a pu ouvrir ses portes qu’en 2001, permettant ainsi un meilleur suivi de l’économie Nigérienne par les institutions de Bretton Woods.

Etant donné la forte préoccupation qu’expriment les populations nigériennes par rapport au Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, prévu ce 10 août 2023 à Abuja, dans la mesure où les sanctions sévères infligées à notre pays sont assorties d’une menace d’intervention militaire imminente, je ne peux que m’adresser à l’ami du Niger et des Nigérien.n.e.s que vous n’avez jamais cesser d’être et surtout au grand frère que vous avez toujours été pour moi, connu pour sa grande clairvoyance, sa sagesse, et sa hauteur de vue, dans l’espoir que vous preniez en compte les doléances du peuple Nigérien.

Ce peuple épris de paix ne souhaite que d’être accompagné pour réussir une transition politique apaisée, après ce qu’il considère désormais comme un coup d’Etat, ayant mis fin au pouvoir du PNDS-Tarraya qui n’aura finalement été victime que de sa mauvaise gestion des affaires publiques contraire à l’esprit de la Constitution et du Protocole sur la Démocratie et la Bonne gouvernance additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des conflits, de Maintien de la paix et de la sécurité.

Les Nigériens vous seront très reconnaissants pour tous les efforts que vous aurez à déployer pour la levée des sanctions contre le Peuple Nigérien et, surtout, convaincre vos Pairs que la démocratie qu’ils tiennent à défendre n’est pas qu’électorale au regard du dernier processus électoral qui a consacré l’élection du président Mohamed Bazoum, auquel j’ai participé, et qui n’a jamais été reconnu comme transparent et inclusif, même par la mouvance présidentielle, qui n’a pas hésité à soumettre l’intéressé depuis son élection controversée à un honteux chantage ayant abouti aux évènements du 26 juillet 2023.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

A Niamey, le 10 Août 2023

Djibrilla Baré Mainassara
Ancien Auditeur Interne au Siège de la BCEAO
Délégué à la Conférence Nationale Souveraine (1991)
Ancien Conseiller Spécial du Président de la République
Candidat à l’élection présidentielle 2020-2021