Par TOURÉ Vakaba

Auréolé par la présence du président de la République française, Emmanuel Macron à Abidjan, on peut noter que ces 72 heures (depuis vendredi) ont suffit au chef de l’État ivoirien sortant, Ouattara Alassane, de vanter à nouveau son bilan à la tête de la Côte d’Ivoire, mais aussi, d’envoyer un signal fort à l’extérieur, et surtout sa réelle volonté à affronter ses adversaires locaux pour les élections générales annoncées à partir d’octobre 2020.

De nombreux observateurs, dont certains issus de son propre camp,  estiment également que ce long séjour en Côte d’Ivoire d’Emmanuel Macron fut nécessairement réparateur pour Ouattara Alassane, dont la Gouvernance et les activités politiques récentes font l’objet depuis plusieurs mois, de critiques acerbes de la part de ses poursuivants, l’ex Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Kigbafory Soro, au commande de ce combat impitoyable.

Récemment, alors que celui-ci s’adressait à des migrants africains, l’ancien collaborateur d’Alassane Ouattara l’avait accusé de ne pas faire assez pour freiner ce phénomène humiliant. Ailleurs dans le monde, de nombreuses associations de la diaspora africaine, condamnent sans relâche, le chef de l’État ivoirien, d’être un « agent » au service de l’homme blanc occidental, pour d’avantage « rabaisser », voir « piller » l’Afrique qu’il contribue à affaiblir le coefficient valeur. Le Franc CFA, cette monnaie coloniale, seule moyen de change en circulation dans de nombreux pays africains de l’ouest et du centre depuis 1945, constitut l’un des points de discordes entre la France et la nouvelle élite africaine qui ne cesse de dénoncer son caractère « impérialiste » et « colonialiste ». Aussi, ils sont nombreux sur le continent, ces africains qui s’insurgent au moyen de médias interposés, pour pointer du doigt le pouvoir d’Abidjan, qu’ils qualifient de « nonchalant à s’engager honnêtement et activement auprès de ses voisins du sahel, dans leur lutte acharnée contre la menace djihadiste ». 

Et pourtant, le pays qui a déjà essuyé sa première attaque terroriste, connaît depuis lors, une sérieuse peur face à ce chapitre. Seulement à quelques encablures de ses frontières avec le Burkina Faso, et le Mali, c’est la désolation au quotidien. Les frappes terroristes sont monnaie courante et occasionnent désormais un effectif élevé de morts et de disparus. Aussi, malgré la ferme volonté et les assurances données par les techniciens de l’État ivoirien, l’insécurité semble encore étrangement incontrôlable…Et les 72h passés à Abidjan et Bouaké du chef de l’exécutif français, ne trahirait pas d’un coup de baguette magique cette réalité.

Appuyé de son nouvel « ami », Emmanuel Macron, un début de réponses à certaines préoccupations qui accablent depuis longtemps Alassane Ouattara, ont été trouvées. À savoir par exemple la lutte contre l’immigration clandestine. La validité du VISA français  qui était de six mois, passe à cinq (5) ans. Sauf que cette disposition concerne seulement les pétitionnaires ivoiriens. Le Président français, annonce également la mise en place d’une académie internationale de lutte contre le terrorisme dans la capitale économique, Abidjan. Aux côtés de son homologue parisien, Ouattara Alassane a réitéré son adhésion en l’Eco, la nouvelle appellation de la monnaie qui remplacera très bientôt le FCFA  dont la parité avec l’Euro (€), la monnaie européenne, reste invariable. Le chef de l’État ivoirien à par conséquent annoncé la fin du dépôt de réserve du FCFA en France. 

« À notre place, nous feront tout pour aider la côte d’Ivoire à aller dans le sens de la paix » a martelé à son tour, l’hôte français, faisant allusion aux futures élections générales, la présidentielle notamment.

Lopposition dont un rassemblement a été plusieurs fois avorté à Abidjan par l’administration territoriale, dénonce une « intimidation » et une « manipulation » avec les moyens de l’État, orchestrées par le président de la république en « fin d’exercice constitutionnel ». 

La société civile locale, en ce qui la concerne, s’érige contre ce qu’elle appelle une « campagne avant la campagne ». Pour elle, Ouattara Alassane a usé de la récupération politique, faisant de cette visite familliale (le président français est venu fêter la Noël avec les troupes françaises basées à Port-Bouet), une affaire de l’État « souverain » de Côte d’Ivoire, au « frais et au dépend de ses contribuables ». À terme, la moisson n’a pas été totalement mauvaise pour l’ivoirien, car, tel un soldat en rupture de munition, ce séjour du chef de l’État français semble avoir redonné confiance à son homologue ivoirien, en conflit ouvert avec ses « partenaires politiques » devenus en si peu de temps, de coriaces adversaires.

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By AGM News

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