Par TOURE Vakaba
Jeudi 22 février 2023, 18h30 (heure de Genève), 17h30 (heure de Dakar), des intellectuels de première main, au moyen d’un débat de haut vol, ont, durant une (1) heure d’horloge, partagé leur part d’opinion sur ce conflit fratricide qui oppose depuis l’année dernière, la fédération de Russie à l’Etat d’Ukraine et l’ensemble de ses soutiens occidentaux. L’occasion a pu avoir lieu grâce à un fructueux partenariat qui a combiné l’organisation non gouvernementale « CRI », et l’Académie Diplomatique Africaine (ADA) dont le siège mondial est logé à Dakar au Sénégal.
Réunis autour du thème « Russie-Ukraine : L’Afrique dans la guerre », ces éminences grises, manifestement en phase avec ce brûlant sujet d’actualité, ont contradictoirement débattu autour de la thématique, exposant dans la foulé, les véritables enjeux d’un affrontement meurtrier qui, de l’avis d’un panéliste, « n’épargne personne ». A écouter ces experts de grandes expériences, il est « temps pour l’Afrique de prendre toute sa place » dans un monde qui change.
Pour une partie d’échanges professionnels, francs et particulièrement enlevés, six personnalités, ont, de par leurs brillantes contributions, porté haut le niveau du débat. Ce sont notamment le Prof Benoît Ngom (Président ADA), Gérard Chaliand (Géo stratège), Dr. Hamid Algabid (ancien Premier Ministre du Niger), Dr. Mezri Haddad (ancien diplomate), Mamadou Diop Decroix (ancien Ministre), et le remuant confrère Abdelhak Najib (Journaliste et essayiste). Outre les médias de droits africains, la couverture de l’événement a été assurée par Sputnik et RT, deux médias d’État russe.
D’entrée, l’ancien premier ministre du Niger, sous Seyni Kountché et Ali SaÏbou, n’a pas eu de difficulté à indexer un « agresseur », la Russie de Vladimir Poutine et un « agressé », l’Ukraine de Volodymyr Zélensky, non sans avouer que l’Afrique devrait plutôt se ranger du côté de la « justice », qui, selon lui, exige de Vladimir Poutine et de son armée, leur retrait des territoires du peuple « souverain » d’Ukraine.
Les arguments portés par l’ancien chef du gouvernement sont copieusement battus en brèche par presque la quasi-totalité des panélistes qui semblaient solidement outillés, pour avoir réussi à porter une cinglante rétorque corrective au Nigérien. Gérard Chaliand, en l’adresse de son puissant prédécesseur, a eu à refaire l’histoire de ce conflit « qui remonte à plusieurs années ». « Ce problème ne date pas d’hier et Poutine a tout fait pour pouvoir l’éviter», a-t-il insisté.
« L’Ukraine n’est pas en guerre contre la Russie, c’est plutôt les Etats-Unis et leur alliés qui se battent contre la Russie », a martelé un autre intervenant, tout au long d’un argumentaire froid et particulièrement saisissant.
A son tour, l’ancien ministre Diop Décroix s’est qualifié à dénoncer ouvertement l’attitude guerrière du président Joe Biden qui, en l’occasion d’un récent sommet à Washington, a ouvertement menacé les dirigeants africains qui ne s’aligneraient pas derrière la position occidentale.
En clair, la neutralité observée par de nombreux pays d’Afrique subsahariens milite sérieusement en faveur d’un continent qui ne devrait plus jouer les seconds rôles dans un monde ou les rapports de forces ne sont plus les mêmes. C’est plus que jamais le moment de se faire respecter et d’occuper enfin une place au sein des instances de décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU, c’est du moins ce qu’a retenu notre participant à cet important panel dont la justesse et la qualité des interventions ont irréversiblement prouvé le sérieux des organisateurs.
Nous y avons participé pour le compte de l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA).