Le gouvernement britannique a décrété la « déprivatisation » de la prison de Birmingham, jusqu’ici gérée par une société de sécurité privée. Une inspection poussée avait décrété l’ « état de crise » de l’établissement.

« Quelqu’un a certainement dû s’endormir au volant ». C’est en ces termes que Peter Clarke, inspecteur en chef des prisons britanniques, s’est exprimé au sujet de la gestion du centre pénitentiaire de Birmingham au micro de la radio BBC 4. Dans un rapport d’inspection accablant établi à la mi-août, Peter Clarke décrit un univers carcéral plongé dans des conditions délétères : « Je n’ai jamais vu un établissement pénitentiaire dans un tel état. Les cafards, les rats et autres nuisibles s’y baladent. Les prisonniers font usage de la violence en toute impunité. Les drogues sont partout. Le personnel s’enferme dans ses locaux par peur des représailles. »

Construite en 1849, la prison de Birmingham, qui accueille 1.269 détenus, exclusivement masculins, a été remise en 2011 à la société privée G4S, rapporte le Guardian ce 20 août. Et ce pour une durée minimum de 15 ans. Déjà soumis à de nombreuses défaillances à l’époque, le centre pénitentiaire a depuis fait l’objet de nombreuses alertes. Outre les problèmes d’insalubrité et de drogue, Birmingham souffrait depuis 2016 et l’éclatement d’une émeute de l’image de prison « la plus violente du pays ».

G4S perd la main pour 6 mois…voire plus

Face au choc provoqué par la révélation du rapport d’inspection, le gouvernement a décrété la reprise du contrôle de la prison pour une durée de 6 mois minimum. Par ailleurs, 300 prisonniers seront rapidement replacés dans d’autres centres et 30 employés supplémentaires seront déployés parmi le personnel de manière à endiguer la surpopulation carcérale. G4S, qui dirige pas moins de cinq prisons dans l’ensemble du pays, s’est engagé de son côté à profiter de cette opportunité « pour résoudre de toute urgence » les problèmes qui ont cours à Birmingham.

Pas sûr pour autant que l’argument suffise à convaincre Rory Stewart, le secrétaire d’État aux prisons, qui a formellement déclaré vouloir faire payer les coups de déprivatisation à l’entreprise privée en charge de l’établissement. Dans une interview accordée le 17 août à la BBC , l‘intéressé s’est même dit prêt à donner sa démission d’ici un an si « le niveau de la violence et de la drogue n’a pas diminué dans dix prisons ciblées par des rapports similaires au sein du royaume ».

Privatisation des services publics

Pour les observateurs, le « cas Birmingham » vient surtout relancer le débat sur la privatisation à outrance des services publics ces dernières décennies. Sur les 123 prisons que compte le Royaume-Uni, 18 sont gérées par le secteur privé, rapporte France info. Une sous-traitance introduite par les autorités dès les années 1990 pour opérer des économies de budget drastiques.

Entre 2010 et 2017, les dépenses publiques consacrées aux prisons ont diminué de 22% et le personnel pénitentiaire de 27%. Un argument béton pour les défenseurs du système privatif. La révélation d’une telle affaire, conjuguée aux problématiques de surpopulation carcérale et de violence, pourrait faire bouger les lignes. Le groupe G4S, lui, enregistre un bénéfice de 4,10 milliards d’euros sur le seul premier semestre.

By AGM News

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