- Des blocages sont en cours à Barcelone et en Catalogne, pour protester contre les peines d’emprisonnement prononcées à l’encontre des responsables indépendantistes.
« Aujourd’hui c’est pour la démocratie, pas pour l’indépendance. Nous devons tous sortir dans la rue ! » Comme des centaines d’autres étudiants, Pau n’est pas allé à l’université de Barcelone ce lundi. Cela faisait plusieurs mois qu’il attendait le verdict du procès des leaders indépendantistes, jugés ce lundi 14 octobre pour l’organisation du référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, et la déclaration d’indépendance unilatérale qui a suivi. De la prison ferme a été ordonnée contre tous les accusés, pour sédition et malversation de fonds publics.
Dans le détail, l’ancien vice-président du gouvernement catalan, Oriol Junqueras, a écopé de la plus lourde peine (treize ans). Cinq de ses ministres ont eux reçu entre 10 et 12 ans. Et 11 ans et demi de prison attendent l’ex-présidente du parlement, Carme Forcadell. Pour leur part, les présidents des associations ANC et Omnium, Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, ont été condamnés à neuf ans de prison.
Dès l’annonce du verdict, les Catalans sont sortis par milliers dans les rues, à l’appel notamment du mouvement Tsunami Democràtic, cette entité qui recouvrait depuis la fin septembre les murs des rues de Barcelone d’affiches appelant à « organiser la réponse » après la sentence, donnant rendez-vous sur la plaça de Catalunya.
D’autre part, des axes de circulation ont été bloqués, la ligne de train reliant la France à Barcelone coupée, et une partie de l’aéroport «El Prat » de Barcelone a été pris d’assaut, causant l’annulation de 20 vols, par des indépendantistes venus malgré la fermeture de lignes de transport menant à l’aéroport. En toute fin d’après-midi, des charges policières ont été ordonnées pour évacuer les points occupés. Tandis qu’au même moment, d’autres rassemblements étaient en cours dans plusieurs villes de la région… « Est arrivé le moment de la désobéissance civile. Mais sans violence, insiste une membre du mouvement. Les Catalans sont un peuple non-violent. »
Réactions internationales
Dans la journée, pusieurs personnalités politiques européennes ont apporté leur soutien aux indépendantistes. C’est le cas de l’ex-ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. Ou de la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, pour qui « ces politiciens ont été emprisonnés pour avoir voulu permettre au peuple de décider pacifiquement de son avenir ».
En Catalogne, plusieurs acteurs culturels se sont également indignés de la condamnation. Le Football Club de Barcelone a ainsi témoigné de son « soutien aux familles de ceux qui sont privés de liberté », demandant aux leaders politiques « dialogue et négociation pour résoudre ce conflit ». Depuis sa cellule, Oriol Junqueras a lui dénoncé une « vengeance » : « Ça ne me fera pas arrêter d’être indépendantiste, ni abandonner mes valeurs républicaines. Au contraire, nous avons encore plus de raisons de vouloir l’indépendance de la Catalogne ».