DOSSIER | CÔTE D’IVOIRE: Une affaire d’abattage illégal de bois, fait polémique à DJIBROSSO!

DOSSIER | CÔTE D’IVOIRE: Une affaire d’abattage illégal de bois, fait polémique à DJIBROSSO!

CÔTE D’IVOIRE | Par TOURÉ Vakaba

Que se passe-t-il à Djibrosso, petite commune logée dans la région dite du « woroba », à la lisière de la sous-préfecture de Dioulatiédougou (région du kabadougou) ? Plusieurs sources indiquent que des entreprises travaillant dans le secteur du bois, s’y activeraient jours et nuits, pour dit on, faire abattre de «nombreuses espèces précieuses», dont notamment la très prisée «linguè», équivalent du fromager au sud forestier. ENQUÊTE!

Les faits et témoignages

Alors que le pays est engagé dans une course contre la montre, pour circonscrire la très rapide propagation de la maladie à Covid-19, que la rumeur crée un véritable tôlé dans la dite commune. Pour comprendre cette affaire qui promet des rebondissements certains, nous avons approché des officiels locaux dont surtout le nommé Coulibaly Mamadou. L’ancien président de la mutuelle qu’il est, ne porte pas de gants, pour donner du poids et du volume à ces soupçons. «À l’époque, lorsque j’étais le président de la mutuelle, nous avons essayé de résoudre cette affaire. Je me rappelle que nous avions à l’époque approché la jeunesse et la chefferie, à l’effet de comprendre tout, mais sans suite vraiment. Ils avaient encaissé autour de 14 millions que nous avions essayé de récupérer, en vain. Une fois, je me souviens que nous avions empêché un grumier et sa cargaison de s’échapper du village, encore en vain. Et c’est à ce moment là, que j’ai compris qu’il y avait anguille sous roche. J’ai alors décidé de m’en éloigner pour toujours».

Une présentation cartographique de DJIBROSSO

Même son de cloche pour ce cadre, particulièrement soucieux du timide développement de Djibrosso. «Je m’interroge bien s’il n’y a pas de complicité active tapis au sommet de l’État, car comment comprendre le courage de ces entreprises à s’adonner à cette activité d’abattage de bois, si vraiment c’est le cas, sans qu’il n’y ai personne pour les en empêcher?», dixit très remonté T.M, manifestement aux abois.
Joint à son tour, afin d’apporter une explication éclaire à ces accusations, le responsable local de la police forestière logé à Djibrosso, un officier répondant en l’appellation sud ivoirienne d’Amani, est demeuré étrangement de marbre. «Monsieur, dès lors que je ne vous connais pas, retenez que je n’ai par conséquent, rien à vous dire». Fermez les guillemets !
Interrogée au moyen du téléphone, la maire de la localité, Salimata Diomandé, répond sans ambiguïté. «Nous sommes effectivement confrontés à ce problème. J’ai d’ailleurs demandé à mon secrétaire général de me préparer un arrêté municipal pour y mettre définitivement fin (…)», a affirmé la première magistrate de la commune.
Et pourtant, un document émanant des officiels ivoiriens, indique clairement la régularité de cette activité, sauf qu’il stipule autre chose.

L’entrée principale de la commune de DJIBROSSO, en provenance du chef lieu KANI

Ce que disent les officiels

D’importantes notes, dont celles-ci intitulée «Autorisation de main-levée en date du 13 mars 2020 dit effet ceci : «Vu les procès-verbaux de saisie de differentes missions de la BSSI et les rapports de constats de presence de stocks de billons de linvués abattus illegalement par des tiers, du directeur regional du worodougou et du Béré, le ministre des eaux et forets autorise la société SNG, code ind 040, sise à Séguéla, qui a satisfait aux conditions de vebte aux enchères du 11 mars 2020, en reference au procès-verbal n°010-BSSI/20 à procéder à l’enlèvement de(453m3) de billons de lingués. Un delai de trois (3) mois lui ai accordé à cet effet, à partir de la date de signature de la présente autorisation qui lui est délivrée pour servir et valoir ce que de droit.(…). Cette main-lévée ne tient lieu, ni de document d’autorisation de coupe, ni de document d’exportation. Les directeurs régionaux des eaux et forets de Séguéla et de Daloa sont chargés de l’exécution, du suivi et de la supervision de cette activité (…)»fermez les guillemets! La Sciérie Nouvelle de Gadouan, forte d’un capital qui tourne autour de 200 millions FCFA, est domiciliée à Gadouan.

Cette illustration rappelle l’investiture à grande pompe de dame Salimata Diomandé, maire de la commune de DJIBROSSO

Une seconde issue de la même date, <<autorise la société SEN XIN RESSOURCES, code ind: 166, sise à Séguéla, qui a satisfait aux conditions de vente aux enchères du 11 mars 2020, en référence au procès-verbal n°009-BSSI/20, à procéder à l’enlèvement de trois cent soixante-huit mètres cubes (368 m3) de billons de lingués. Un delai de trois (3) mois lui ai accordé à cet effet, à partir de la date de signature de la présente autorisation qui lui est délivrée pour servir et valoir ce que de droit.(…). Cette main-lévée ne tient lieu, ni de document d’autorisation de coupe, ni de document d’exportation. Les directeurs régionaux des eaux et forets de Séguéla et de Daloa sont chargés de l’exécution, du suivi et de la supervision de cette activité (…)»fermez les guillemets! Le siège social de la Société dont la création date d’août 2013, est logé quand à lui, à Abidjan Cocody, Résidence Mariny, entre la RTI et la cité SOGEFIHA.

Les cadres et élus de DJIBROSSO comptent sur une bonne compréhension de Richard Alain Donwahi, en charge du ministère des eaux et forêts, pour résoudre ce quiproquo.

Une troisième en date du 07 avril 2020 «(…) autorise la société HUNG AN IVORY COAST, code ind: 198, sise à Séguéla, qui a satisfait aux conditions de vente aux enchères du 08 avril 2020, en référence au procès-verbaln°013-BSSI/20, à procéder à l’enlèvement de quatre cent soxante-cinq mètre cubes (465 m3) de billons de lingués. Un delai non prorogeable de trois (3) mois, lui est accordé à cet effet à partir de la date de signature de cette présente autorisation qui lui est délivrée pour servir et valoir ce que de droit (…). Cette main-lévée ne tient lieu, ni de document d’autorisation de coupe, ni de document d’exportation. Les directeurs régionaux des eaux et forets de Séguéla et de Daloa sont chargés de l’exécution, du suivi et de la supervision de cette activité (…)»fermez les guillemets!  Le dépôt de cette société à responsabilité limitée uni personnelle, fut effectif auprès du CEPICI le 21 octobre 2019 et immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier d’Abidjan sous le n° Abj-2019-B-2016. Son siège social est logé à Cocody Deux Plateau, 7è Tranche.

En claire, les « Karandjan » (appellation locale des habitants de Djibrosso), affirment croire que les entreprises concernées, outrepasseraient leurs mandat qui consiste uniquement à enlever les billons frappés de « vente aux enchères », une fois enfermées dans la pénombre de la forêt. La première magistrate de la commune, quand à elle, dénonce la forme de la procédure, pour laquelle elle dit avoir été grossièrement ignorée.

Vue partielle des bureaux de la mairie de DJIBROSSO

Ce que dit la loi n° 2013-815 du 26 novembre 2013

« De 16 millions d’hectares en 1960, la Côte d’Ivoire compte moins de 2 millions d’hectares de forêt aujourd’hui. Parmi les causes de cette déforestation rapide, figure le sciage clandestin. Malgré son interdiction, pourtant interdite » raconte un confrère, à l’issue d’une enquête à M’Batto, une ville ivoirienne du centre-est, (230 kms) d’Abidjan.

« Les effets du sciage clandestin sur l’environnement et le manque à gagner pour l’économie sont dévastateurs. A M’Batto, comme dans toutes la zone forestière du pays, le sciage à façon se déroule en toute impunité et le comble au vu et au su de l’administration forestière… », écrit-il.

Pendant que des milliards de nos francs sortent chaque année des caisses des états africains pour des opérations de reboisement, des contrebandiers bénéficieraient très souvent de mains souterraines, tapis en hauteur…

Au terme de cette enquête, plusieurs questions reviennent. Pourquoi les autorités municipales de DJIBROSSO n’ont elles pas été officiellement saisies par l’État ivoirien, de l’existence d’une main-lévée sur les produits mis en cause? Pourquoi le secrétaire général de la mairie tarde-t-il à rédiger l’arrêté que sa patronne, la maire Salimata Diomandé lui demande de produire? Quelles peuvent être la nature des rapports entre l’élite locale et ces différentes sociétés, dès lors qu’elles ont obtenue au préalable, une autorisation officielle à leur portée par le ministère en charge des eaux et forêts? Quelle est la part financière des localités concernées comme c’est le cas de DJIBROSDO? Les jours et semaines à venir situeront toutes ces personnes ayant un intérêt croisé sur le périmé communal de DJIBROSSO.

Depuis novembre 2013, le sciage à façon ou l’exploitation artisanale du bois, activité qui consiste à faire le « sciage du bois brut en produits semi-finis, au moyen d’une tronçonneuse, d’une scie mobile, ou d’un matériel semblable sur un site d’abattage », est officiellement interdit par le décret n° 2013-815 du 26 novembre 2013. Les trafiquants n’ont que faire du puissant arsenal juridique planté par le législateur ivoirien.

À DJIBROSSO, de nombreuses personnes doutent de la version officielle donnée à ce sujet. Elles estiment qu’il s’agit d’une farce.

Des gymnastiques vaines de l’État ivoirien?

Pourtant, ces dernières années, l’État ivoirien s’est solidement investi pour faire barrage à la déforestation. Les crises socio-politiques successives, ayant relativement fragilisé les institutions, ont donné l’occasion à de nombreux contrebandiers, de saboter le peu qu’il reste de l’or vert, aujourd’hui profondément édenté. Pour endiguer ce fléau qui perdure, le gouvernement ivoirien réfléchira sur deux opportunités fondamentales. Se donner tous les moyens juridiques, et de répression possibles pour combattre la corruption, traquant en amont, les bandits et leurs soutiens qui s’y adonnent, renforçant en avale, l’autorité de l’administration territoriale. Disons que beaucoup a été fait et on assiste chaque année dans cet important pays ouest africain, à des opérations de reboisement éclatées, sous la surveillance du chef du gouvernement lui-même, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

Le gouvernorat, avec de droite à gauche le préfet de département de KANI et le sous-préfet de DJIBROSSO

Logé dans le très fermé district du woroba, la petite commune de Djibrosso est distante de 113 kms de Séguéla, comparé à 591 kms de la mégalopole d’Abidjan, dont un peu plus de 20 kms faite de terre ferme. L’essentiel des activités tourne autour de l’élevage et l’agriculture. La ville comptabilise un peu plus de 12 000 habitants, pour un très faible taux de mortalité.

English version

Ivory Coast | By TOURÉ Vakaba

What is going on in Djibrosso, a small commune housed in the region known as « woroba », on the edge of the sub-prefecture of Dioulatiédougou (kabadougou region)? Several sources indicate that companies working in the wood sector, are active there day and night, it is said, to slaughter « many precious species », including in particular the highly prized « linguè », equivalent of the cheese maker in the forest south. INVESTIGATION!

Facts and testimonies

While the country is engaged in a race against the clock, to circumscribe the very rapid spread of the disease at Covid-19, that the rumor creates a real clash in the so-called commune. To understand this affair which promises certain twists and turns, we approached local officials, especially the one named Coulibaly Mamadou. The former president of the mutual that he is, does not wear gloves, to give weight and volume to these suspicions. « At the time, when I was president of the mutual, we tried to resolve this matter. I remember that we had approached youth and the leadership at the time, in order to understand everything, but without really following up. They had collected around 14 million that we had tried to recover, to no avail. Once, I remember that we prevented a logging truck and its cargo from escaping the village, still to no avail. And that’s when I realized there was rock eel. So I decided to stay away from it forever.  »

Same story for this framework, particularly concerned with the timid development of Djibrosso. « I wonder if there is no active complicity carpet at the top of the state, because how to understand the courage of these companies to engage in this activity of logging, if really it is the case, without there being no one there to prevent them? ”, dixit very reassured TM, obviously at a loss.
Joined in turn, in order to provide a clear explanation for these accusations, the local forest police official living in Djibrosso, an officer by the name of Amani in the south of Côte d’Ivoire, remained strangely unmoved. « Sir, since I don’t know you, remember that I therefore have nothing to say to you. » Close the quotes!
Questioned by telephone, the mayor of the locality, Salimata Diomandé, answered without ambiguity. “We are indeed faced with this problem. I also asked my secretary general to prepare a municipal decree to end it definitively (…) « , said the first magistrate of the commune.
And yet, a document from Ivorian officials clearly indicates the regularity of this activity, except that it stipulates something else.

What the officials say

Important notes, including these entitled « Authorization of release dated March 13, 2020 says this effect: » Considering the minutes of seizure of various missions of the BSSI and the reports of findings of the presence of stocks of logs of survivors illegally slaughtered by third parties, of the regional director of worodougou and du Béré, the Minister of Water and Forests authorizes the company SNG, code ind 040, located in Séguéla, which has satisfied the conditions for sale at auction on March 11, 2020 , with reference to the minutes n ° 010-BSSI / 20 to proceed with the removal of (453m3) of ridges of lingues. A period of three (3) months granted him for this purpose, from the date of signature of this authorization which is issued to him to serve and assert what is right. (…). This free hand does not take the place of either a cutting authorization document or an export document. The regional directors of waters and forests of Séguéla and Daloa are responsible for the execution, monitoring and supervision of this activity (…) « close the quotes! La Sciérie Nouvelle de Gadouan, with a capital of around FCFA 200 million, is domiciled in Gadouan.

A second issue of the same date, << authorizes the company SEN XIN RESSOURCES, code ind: 166, located in Séguéla, which satisfied the conditions of auction sale of March 11, 2020, with reference to the minutes n ° 009- BSSI / 20, to proceed with the removal of three hundred and sixty-eight cubic meters (368 m3) of logs of linguee. A period of three (3) months granted him for this purpose, from the date of signature of this authorization which is issued to him to serve and assert what is right. (…). This free hand does not take the place of either a cutting authorization document or an export document. The regional directors of waters and forests of Séguéla and Daloa are responsible for the execution, monitoring and supervision of this activity (…) « close the quotes! The head office of the Company, which was created in August 2013, is housed in Abidjan Cocody, Résidence Mariny, between the RTI and the city SOGEFIHA.

A third dated April 07, 2020 « (…) authorizes the company HUNG AN IVORY COAST, code ind: 198, located in Séguéla, which satisfied the conditions of auction sale of April 08, 2020, with reference to the minutes n ° 013-BSSI / 20, to proceed with the removal of four hundred and sixty-five cubic meters (465 m3) of logs of linguee. A non-extendable period of three (3) months is granted to him for this purpose from the date of signature of this authorization which is issued to him to serve and assert what is right (…). This free hand does not take the place of either a cutting authorization document or an export document. The regional directors of waters and forests of Séguéla and Daloa are responsible for the execution, monitoring and supervision of this activity (…) « close the quotes! The deposit of this personal limited liability company was effective with CEPICI on October 21, 2019 and registered in the Abidjan commercial and furniture credit register under the number Abj-2019-B-2016. Its head office is located in Cocody Deux Plateau, 7th Tranche.

What law n ° 2013-815 of November 26, 2013 says

« From 16 million hectares in 1960, Côte d’Ivoire has less than 2 million hectares of forest today. Among the causes of this rapid deforestation is illegal sawing. Despite his ban, however prohibited, « said a colleague, after an investigation in M’Batto, an Ivorian town in the center-east (230 km) of Abidjan.

« The effects of illegal sawing on the environment and the economic shortfall are devastating. In M’Batto, as in all the forest area of the country, custom sawing takes place with impunity and fills it with the full knowledge of the forestry administration … « , he wrote.

At the end of this investigation, several questions come back. Why have the municipal authorities of DJIBROSSO not been officially informed by the Ivorian State of the existence of a levy on the products in question? Why is the secretary general of the town hall delaying to draft the decree that his boss, the mayor Salimata Diomandé asks him to produce? What can be the nature of the relationship between the local elite and these different companies, once they have obtained prior official authorization within their reach by the ministry in charge of water and forests? What is the financial share of the localities concerned, as is the case with DJIBROSDO? The days and weeks to come will place all these people with a cross-interest on the municipal area of DJIBROSSO.

Since November 2013, custom sawing or artisanal exploitation of wood, an activity which consists of “sawing raw wood into semi-finished products, using a chainsaw, a mobile saw, or a similar material on a slaughter site ”, is officially prohibited by decree n ° 2013-815 dated 26 November 2013. The traffickers have nothing to do with the powerful legal arsenal planted by the Ivorian legislator.

Vain gymnastics from the Ivorian state?

However, in recent years, the Ivorian state has invested heavily to prevent deforestation. The successive socio-political crises, having relatively weakened the institutions, gave the opportunity to many smugglers, to sabotage the little that remains of the green gold, today profoundly toothless. To stem this enduring plague, the Ivorian government will reflect on two fundamental opportunities. Giving themselves all the legal and repressive means possible to fight corruption, tracking down beforehand the bandits and their supporters who indulge in them, strengthening downstream, the authority of the territorial administration. Let us say that a lot has been done and we witness each year in this important West African country, exploding reforestation operations, under the supervision of the Head of Government himself, Prime Minister Amadou Gon Coulibaly.

Housed in the very closed district of woroba, the small town of Djibrosso is 113 km from Séguéla, compared to 591 km from the megalopolis of Abidjan, of which just over 20 km is made of dry land. Most of the activities revolve around animal husbandry and agriculture. The city has just over 12,000 inhabitants, with a very low mortality rate.

(Any reproduction, even partial, prohibited)

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