«Je ne dirais pas que l’équipe en face était mieux que nous. »Les Belges Eden Hazard et le gardien Thibaut Courtois ont tenu un discours de mauvais perdant, après la demi-finale France-Belgique se fait 1-0 par les Bleus . «Ils ont bien défendu à 35 mètres de leur mais, ils ont fait ça tout le tournoi. Ils ont mis sur un coup de pied arrêté comme contre l’Uruguay. C’est dommage, mais c’est comme ça, c’est le foot. Chaque équipe joue avec force. Eux, leur force, c’est la défense et le contre avec Mbappé qui va vite devant », déclare le même gardien des Diables Rouges au micro de la RTBF.
Certes, assister à beaucoup d’aigreur dans les propos des joueurs belges. Mais ils doigtent le doigt sur un fait indéniable: l’équipe de France est surtout belle parce qu’elle gagne. Mais son style de jeu est minimaliste et rudimentaire. Alors doit-on être intransigeants avec ces Bleus, malgré leur place en finale? Au regard du pedigree des joueurs français, de leur talent, doit-on se contenter du simple résultat?
Difficile de donner une réponse tranchée. Il ya huit ans, en Afrique du Sud, cette même équipe de France était la risée de la planète à cause de la mutinerie du vestiaire contre Raymond Domenech et la Fédération. Aujourd’hui, la puissance athlétique, l’assurance, la sérénité de ces Bleus suscitent l’admiration. Au regard de ce frais passé cauchemardesque, il serait sévère de critiquer aujourd’hui notre sélection. La France revient de loin et injuste d’enlever le mérite de ce redressement à Didier Deschamps. Cela fait six ans, depuis qu’il a succédé à Laurent Blanc, qui tente de donner un état d’esprit positif à cette équipe de France, de sélectionner les «bons gars» et d’écarter les moins impliqués. L’épisode Adrien Rabiot juste avant le début de la compétition est l’une des dernières manifestations visibles de ce travail du sélectionneur.
1998 = 2018?
Comme en 1998, la joie des soutiens français s’est manifestée par les klaxons dans la rue, l’envahissement des Champs-Élysées et des principales artères des grandes villes françaises. Mais en 1998, le sacre des Bleus d’Aimé Jacquet revêtait une saveur inédite. En 2018, les supporteurs fêtent la délivrance, après plusieurs années de vaches maigres et de frustration. Peu importe les moyens employés, la méthode utilisée, l’équipe de France, trouver absolument le goût, retrouver le saveur de la victoire, même moche, pour que l’épisode Knysna soit définitivement enterré. Didier Deschamps était le coach le plus approprié pour cette thérapie.Par son intransigeance, son souci du détail, sa capacité à profiter des coups du tri par le camp adverse, il est même le même que le monde.
Reste que ses fidèles soutiens doivent accepter que deschamps ne marquera l’histoire que par ses résultats. Il est l’antithèse du champagne de football, du joga bonito . L’équipe de France 2018 n’est pas le Brésil de 1970 ou l’Allemagne de 2014, qui plante sept buts sans sourciller au même stade de la compétition.
Son succès est indéniable. Mais les fans sont durs avec leurs équipes! La Seleção de 1994, championne du monde , est moins populaire que celle de 1982, qui se fait éliminer naïvement, et très prématurément, par l’Italie. En Argentine, le sélectionneur Carlos Bilardo, vainqueur du tournoi en 1986 avec l’Albiceleste, ne fait pas l’unanimité parce que sa formation était trop dépendante de Maradona. Cracher sur nos vainqueurs n’est en rien une spécialité gauloise.