Par TOURÉ Vakaba | Au fur et à mesure qu’approche la très attendue date du 31 octobre, jour prévu pour l’élection présidentielle, le mercure monte en Côte d’Ivoire. Le président de la république sortant, qui devrait en découdre avec le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin, transfuge du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), n’y va pas avec le dos de la cuillère, traitant bien souvent ses adversaires pour des populistes « sans bilan réel » .
Du poro au tchologo, en passant par le denguele, le Bandama et la région des montagne, Alassane Ouattara, appuyé de son chef de gouvernement, Bakayoko Hamed, semblent s’être soustraits de leur sérénité habituelle, s’adonnant à un ballet de menaces et d’intimidations, au moyen de meetings et de grands rassemblements publics.
De l’avis de tous, Alassane Ouattara n’avait pas coutume à répondre aux invectives. Mais face au challenge qui l’attend, le candidat du rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui semble vraisemblablement accroché, veut apporter une réponse « claire et nette » à chaque attaque pointant en sa direction. Mieux qu’un vulgaire adversaire, Guillaume Soro reste étrangement l’ennemi juré, et les mots et les manières ne manquent nullement au président candidat de l’avouer à gorge déployée.
Son premier ministre, ministre de la défense et bras droit, Bakayoko Hamed, n’hésite plus non plus, lui, à bomber le torse, pour mettre en garde, voir menacer de représailles, une opposition conduite par son doyen et ancien président de la république (1993-1999), Aimé Henri Konan Bédié.
Déterminée à empêcher vaille que vaille la tenue effective du scrutin presidentiel, le chef de file de l’opposition, qui a l’onction de Laurent Gbagbo, d’Affi N’Guessan, et laborieusement soutenu des siens, a lancé un mot d’ordre de « boycott actif et effectif » sur l’ensemble du territoire national, forçant la haute direction de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à sortir de son hypocrisie et de sa trop grande nonchalance, face à ce que le président du front populaire ivoirien qualifie d’élection « dangereuse ».
En face, un chef d’état qui n’est guère au bout de ses peines et dont chaque déclaration est perçue par la société ivoirienne comme une bûchette d’allumette de trop.
Pendant ce temps, la violence s’est emparée de presque la totalité des villes majeures de l’interieur du pays, occasionnant de nombreux morts et des blessés dans le camp opposé.
La peur panique s’est manifestement emparée d’une grande partie des ivoiriens, plongeant le pays dans une incertitude ambiante. Les parties opposées n’osent concéder le moindre millimètre de chance à l’adversaire. Les chefs d’états de la sous région, connaissant le terrain ivoirien comme leurs poches, ne comptent nullement afficher leur opinion, craignant de mettre le feu aux poudres. Les deux expéditions de la CEDEAO peinent jusque là à faire recette. La Côte d’Ivoire est en danger parfait !