Côte d’Ivoire | Ouattara Alassane est élu en octobre 2010 et investi chef de l’État en avril 2011, au lendemain d’une opération électorale violente, particulièrement mortifère. Le programme de gouvernement du nouvel élu, converti en caractère 14, tournait numériquement autour de 99 pages à l’écran. Au fond, le candidat d’alors du Rdr (Rassemblement des républicains), puis du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix), avait dédié un important chapitre aux questions qui se rapportent en la réconciliation et la sécurité, deux chapitres autour desquels convergeaient toutes les tribunes et adresses publiques de l’actuel chef de l’État, qui avait juré, une main sur le coeur, réconcilier ses concitoyens.
Curieusement, les proches du Président, à l’opposé de ce coriace contentieux, ne cessent de marteler que celui-ci a hérité d’une nation déchirée par plusieurs années de bagarres à connotation politique, et par conséquent, n’en saurait être nullement associé. Un raisonnement que de nombreux ivoiriens réfutent, arguant pour leur part qu’il revenait à Ouattara Alassane de réconcilier les ivoiriens, pour, affirment-ils avoir été un acteur central de leur division durant de longues années avant son accession au pouvoir.
Né de la volonté du chef de l’État lui-même, soutenu par des dirigeants de la sous région, la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) verra le jour pour être aussitôt confiée à l’ancien Premier Ministre Banny Konan Charles. Au terme d’une activité de collecte d’informations éprouvante, le Président de la République peine encore à dévoiler le contenu de ce fameux livre blanc sectionner en plusieurs volumes qui lui a été remis tambour battant par le Président de cette institution défunte au siège de la Présidence de la République du pays. Des acteurs essentiels, tapis dans une société civile en lambeaux, dénonce le coût démesurément élevé de cette opération qui « n’a servi à rien ».
Pour des raisons à polémiques jusque là diversement interprétées, l’Alliance avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire Pdci, n’a pu tenir la route. Les amis d’hier sont étrangement redevenus des adversaires au point où la très importante étape des futures présidentielles semblent préoccuper tous les deux camps, au détriment d’un pays malmené par la pauvreté et d’interminables conflits communautaires. En définitive, les ivoiriens devront s’assurer de l’échec retentissant des dossiers relatifs à la réconciliation et à la sécurité. Aussi, avant même l’implosion de la coalition, on pouvait noter des affrontements de ce type un peu partout, du nord au sud et d’est en ouest. Des plus médiatisés aux plus ridicules, il y en avait partout. Les « efforts » du gouvernement n’ont jamais pu révéler clairement les causes réelles de ces fréquentes chasses à l’homme à n’en point finir. Une posture absolument désagréable qui est pourtant loin de plaire aux dirigeants du pays qui semblent paradoxalement intéressés par d’autres choses. Les déclarations du Président du PDCI sont-elles suffisantes pour qu’elles soient qualifiées de haine de l’étranger?
La vraie question qui a valeur d’être dite est celle-ci: Que peut on enfin retenir de la gouvernance de l’actuel chef de l’État, en ses rubriques Sécurité et réconciliation, à moins de deux ans des futurs pugilats électoraux? Alors que les anciennes cartes nationales d’identité arrivent à expiration dans quelques semaines, de nouvelles cartes, cette fois biométriques, sont annoncées par les officiels, dans un contexte sociopolitique, sommes toutes profondément agité. La moisson attendue des derniers recensements de l’Institut nationale des statistiques (INS), n’aurait pas été techniquement fructueuse. Si cette opération venait à être reprise, il est évident que les élections générales ne se tiennent pas aux dates fixées par la Constitution. Des passages pourtant obligés, pour boucler les dix années de gouvernance Ouattara et en faire le procès si nécessaire.
Touré Vakaba, Copyright Juin 2019®