Burkina Faso | Deuil: Charles Bika Kaboré, père du président Rock Kaboré s’en est allé!

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DÉCÈS CE 27 OCTOBRE DE CHARLES BILA KABORÉ, PÈRE DU PRÉSIDENT DU FASO, ROCK KABORÉ.

(un hommage de P. Pierre Claver Ouédraogo)

Père de l’actuel président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le patriarche Charles Bila Kaboré vient d’être rappelé au Seigneur à son ultime demeure ce mardi matin 27 octobre 2020 des suites d’une longue maladie, dans sa 90ème année. En lui toute la nation burkinabé pleure un digne fils du terroir, un distingué serviteur de l’Etat à l’intégrité établie, reconnue et saluée, un contributeur de premier plan à la revalorisation du riche patrimoine vestimentaire et un infatigable serviteur du Christ abonné à Dame-paix et à la promotion de l’interréligionalité.

Né en 1930 à Tuiré, dans la province du Ganzourgou, l’illustre disparu faisait partie de la toute première crème de cadres formés outre-Atlantique pour servir l’ex-Haute-Volta postindépendance à de hauts niveaux de responsabilités. En effet, Charles Bila Kaboré est un administrateur civil et un enseignant issu de la prestigieuse Ecole Normale William Ponty qu’il intégrera après ses études au Burkina et à l’Ecole Normale de Katibougou (Mali) en 1948 d’où il était sorti nanti du Brevet élémentaire et de la première partie du Baccalauréat. A William Ponty, il reçoit une formation professionnelle d’enseignant en béton couronnée en 1954 par l’acquisition du baccalauréat série sciences expérimentales et le certificat de fin d’études des Ecoles normales. Trois années durant, plus précisément de 1955 à 1958, il exerce effectivement le métier d’enseignant, après avoir satisfait à ses obligations militaires d’un an à Bobo-Dioulasso, comme cela était de règle à cette époque.

Puis il met le cap sur le Sénégal et la France où l’attendent des études supérieures. Il les effectue respectivement à la Faculté des sciences de Dakar puis à l’Institut des hautes études d’Outre-Mer de Paris (actuel IAP). De retour dans son pays, Charles Bila Kaboré sera nommé tour à tour conseiller technique du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, d’août 1961 au 31 décembre 1962 (cumulativement avec la fonction de directeur de la sécurité), trésorier général de la république de Haute-Volta, membre du Conseil économique et social et administrateur unique de la Caisse de Prévoyance sociale (prédécesseur de la CNSS).

CONSEILLER TECHNIQUE, TPG, MINISTRE DES FINANCES, DE LA SANTÉ, ETC.

D’octobre 1963 au 9 décembre 1965, il détiendra le portefeuille de ministre des Finances au sein du gouvernement Maurice Yaméogo puis présidera aux destinées du Comité monétaire national. Membre du Conseil d’administration de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), il sera nommé ministre de la Santé publique jusqu’à la chute de la première République intervenue le 3 janvier 1966. De janvier 1966 à février 1968, il administrera le Cercle de Tougan, village natal du nouveau chef de l’Etat, le général El Hadj Aboubacar Sangoulé Lamizana. Ce dernier ne tarde pas à le solliciter auprès de lui puis à le nommer à de hautes fonctions. Il devient ainsi conseiller financier de 1968 à 1975, puis secrétaire général de la présidence de la République de mai 1972 à avril 1975, date à partir de laquelle, il occupera le douillet fauteuil de vice-gouverneur de la BCEAO à Dakar (Sénégal).

Après de bons et loyaux services en qualité de banquier central, Charles Bila Kaboré, ancien patron de l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara à la BECEAO, retourne au pays en 1983. Il y occupe tour à tour les fonctions de conseiller technique à la présidence du Faso, puis de secrétaire général de mars 1984 à décembre 1984. Le 1er janvier 1985, il est admis à la retraite, la poitrine bardée de nombreuses distinctions honorifiques burkinabè et étrangères.

« EN AFRIQUE QUAND UN VIEILLARD MEURE, C’EST UNE BIBLIOTHÈQUE QUI BRÛLE… « 

C’est cet homme intègre, bosseur infatigable, affable, courtois, aimable, ouvert et altruiste que les Burkinabè pleurent ce jour 27 octobre 2020. Sa disparition constitue une perte immense pour toutes les tranches d’âges parce qu’il il était une des rares bibliothèques vivantes du pays des hommes intègres. Puisse Dieu le recevoir dans son royaume céleste afin qu’il ait la vie éternelle !

Pierre Claver Ouédraogo (Afrique Tribunes)