🛑 Pourquoi le concept de « Sud global » a tout d’un piège pour l’Occident Géopolitique

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Traiter les pays d’Asie, d’Afrique et d’AmĂ©rique latine comme un bloc gĂ©opolitique homogène, c’est occulter leurs divisions et faire fi de leurs problèmes et intĂ©rĂŞts spĂ©cifiques.. Il n’y a encore pas si longtemps, les dirigeants politiques de Washington et des autres capitales occidentales n’accordaient que peu d’importance Ă  la possibilitĂ© que le reste du monde puisse ne pas partager leurs opinions. A quelques exceptions près, les rĂ©gimes que l’Occident considĂ©rait comme de « bons partenaires » – en d’autres termes, ceux qui Ă©taient prĂŞts Ă  promouvoir la sĂ©curitĂ© ou les intĂ©rĂŞts Ă©conomiques des Etats-Unis et de l’Europe – continuaient Ă  bĂ©nĂ©ficier de son soutien mĂŞme s’ils ne se gouvernaient pas selon les valeurs occidentales. Mais après la fin de la guerre froide, la plupart des dĂ©cideurs politiques occidentaux semblaient s’attendre Ă  ce que les pays en dĂ©veloppement se tournent, avec le temps, vers la dĂ©mocratie et la mondialisation. Peu d’entre eux s’inquiĂ©taient du fait que des Etats non occidentaux puissent s’opposer Ă  leurs normes, ou percevoir la rĂ©partition du pouvoir de l’ordre international comme un vestige injuste du passĂ© colonial. Les dirigeants qui exprimaient de telles opinions, Ă  l’image du VĂ©nĂ©zuĂ©lien Hugo Chávez, Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des excentriques aux idĂ©es dĂ©passĂ©es. Aujourd’hui, au contraire, le dĂ©bat public occidental considère comme un fait Ă©tabli l’existence d’un « Sud global » avec ses propres perspectives. Cette expression est devenue un raccourci presque inĂ©vitable. Des dirigeants, comme l’indien Narendra Modi et la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, ont commencĂ© Ă  Ă©noncer les prioritĂ©s du Sud global – bien qu’encore assez amorphe – sur des questions telles que le financement du climat et le rĂ´le des institutions internationales. Déçus par le refus d’un certain nombre de pays en dĂ©veloppement de sanctionner la Russie pour son agression en Ukraine, les responsables amĂ©ricains et europĂ©ens prĂŞtent une attention de façade aux prĂ©occupations de ce groupe d’Etats. Bien que cette reconnaissance des intĂ©rĂŞts du reste du monde soit une Ă©volution bienvenue, elle est liĂ©e Ă  une comprĂ©hension particulière du Sud global qui est un concept difficile Ă  manier. Il n’existe pas de dĂ©finition stricte du terme, mais il est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ© pour dĂ©signer l’ensemble des pays d’Afrique, d’Asie et d’AmĂ©rique latine. Il dĂ©signe autant certaines puissances du G20, tels que le BrĂ©sil et l’IndonĂ©sie, que la Sierra Leone et le Timor Oriental, faisant partie des pays les moins dĂ©veloppĂ©s au monde. Certes, ces Etats ont partagĂ© des expĂ©riences historiques semblables et ont des intĂ©rĂŞts communs, comme la modification de l’équilibre des pouvoirs dans le système international. Mais ils ont aussi des valeurs, des perspectives et des intĂ©rĂŞts qui diffèrent drastiquement. Le risque de ce terme est de faire perdre de vue cette diversitĂ© aux dĂ©cideurs politiques occidentaux. En abordant le Sud global comme une.