Un journaliste togolais critique du pouvoir et « porté disparu » depuis dimanche, selon ses proches, a déclaré dans un message publié sur Facebook, mercredi 8 mars, aller « relativement bien » et être « plus ou moins à l’abri du danger ».
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« Ceci est un signe de vie pour rassurer tous ceux qui s’inquiètent depuis dimanche. Je vais relativement bien malgré cette épreuve effroyable », écrit Ferdinand Ayité, sans davantage de détails. « Je suis plus ou moins à l’abri du danger pour l’instant. Je reviendrai pour des détails plus tard », poursuit le directeur de publication de L’Alternative, un bihebdomadaire critique du pouvoir. Plus tôt dans la soirée, son avocat, Elom Kpadé, avait affirmé à l’AFP que son client allait « bien », sans donner aucun détail.
M. Ayité était « porté disparu » depuis dimanche matin, quelques heures avant une convocation devant la gendarmerie, selon ses proches. En début d’après-midi, Isidore Kouwonou, le rédacteur en chef de L’Alternative, avait déclaré à l’AFP que M. Ayité « avait reçu une convocation du Service central de recherches et d’investigations criminelles [Scric] pour comparaître dimanche à 15 heures », mais qu’il restait « introuvable après être sorti de la maison pour des courses aux environs de 9 heures ». « Sa femme a essayé de le joindre, en vain. Nous avons joint la gendarmerie, qui n’a pas de ses nouvelles », avait ajouté M. Kouwonou.
« On peut craindre pour sa vie »
Ferdinand Ayité, qui devait comparaître ce mercredi au tribunal de Lomé, est mis en examen depuis décembre 2021 pour « outrage à l’autorité » et « propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux » à la suite de plaintes de deux ministres pour des propos tenus dans une émission diffusée sur YouTube.
L’annonce de sa disparition a suscité l’inquiétude, notamment au sein de l’opposition. « Compte tenu des habitudes brutales du régime togolais, on peut craindre pour sa vie… Ce qui serait un nouveau pas franchi, inacceptable, dans la violence subie par les Togolais », a affirmé dans un communiqué transmis à l’AFP l’ancien secrétaire d’Etat français Kofi Yamgnane, également togolais et président du mouvement Sursaut Togo.
Fin décembre 2021, M. Ayité et un autre journaliste avaient été écroués à la prison civile de Lomé pour leurs propos sur YouTube, avant d’être libérés une semaine plus tard. Amnesty International avait alors dénoncé la « détention arbitraire » des deux hommes de presse, dénonçant « une atteinte à la liberté d’expression ». En février 2021, le journal L’Alternative avait été suspendu pour quatre mois dans un dossier impliquant l’actuel ministre de l’urbanisme, Koffi Tsolenyanu.