Autrefois havre de paix et de stabilité, la ville d’Odienné a progressivement perdu de son charme et de sa légendaire cohésion, au point de ressembler à une ville épave.
Par TOURÉ Vakaba
Il n’en restent plus que de vieilles vestiges, rappelant les bons moments de ce paisible royaume, l’épopée, le courage et la grandeur de ses chefs kablas, soutenus des grandes familles Siguinani. Ces castes relativement hiérarchisées, organisées et disciplinées, étaient jadis adulées et significativement respectées durant le séduisant règne des Touré.
Ruiné et bombardé par des conflits interminables, ourdis et planifiés par des clans organisés, cet empire des Touré, alors porté par sa Majesté, l’intimidant et redouté roi feu Moctar Touré, semble désormais rangé aux calendres grecques.
Le temps s’égrène, l’espoir s’amenuise, désespérément, et cette situation du moins paradoxale, nous renvoie ironiquement à l’adage qui fait référence au «cordonnier mal chaussé».
Sinon comment comprendre que ce peuple, pourtant essentiellement orienté et acquis à la cause du président Alassane Ouattara, soit laissé pour compte, au profit d’opportunistes, d’affairistes, de voyous, de parvenus et de squatters sans foi ni loi, qui en font leur «machin», impunément, sans jamais se voir inquiétés. Qu’attends on pour mettre définitivement à la touche cette nébuleuse gangrène, incapable de reconstruire Odienné et d’en apporter la paix et la stabilité ?
Pourquoi ne pas faire une commande sur mesure, en imaginant un plan spécial de développement local et faire enfin appel à de nouvelles énergies qu’on pourrait rafler dans les rangs de la jeunesse, pulvérisée que celle -ci reste, par le chômage.
Une jeunesse qui divague sans relâche dans les artères dégoûtantes d’une cité défigurée, déchirée, désormais abonnée aux affrontements fratricides entre gangs armés.
De cette analyse prospective, un homme semble retenir l’attention de la nouvelle relève. Il se nomme TOURÉ Vakaramoko, dit «amagni», de son nom d’ancien collégien au Groupe scolaire Mamadou Coulibaly d’Odienné (GSMC), fils de l’ancien chef de la fédération du Front populaire ivoirien dans le Denguélé, (au pouvoir entre 2000 et 2010), le colosse et remuant feu Vacaba Touré ou «Vakaba ba», à l’époque surnommé «le fédéral». Intelligent, politiquement engagé et déterminé à hériter de son intimidant géniteur, le fougueux Vakaramoko promet relever le défi de mettre définitivement à la retraite, une bande d’inconscients, ayant entraîné la région dans le chaos et le désordre. Ancien candidat malheureux aux élections municipales à Odienné, le jeune homme a l’avantage de bénéficier du soutien d’une grande frange de la population dont des jeunes qui se sentent grossièrement désabusés par des soit disant «cadres et fenêtres». Lorsqu’il prendra le contrôle de la ville, Touré Vakaramoko aura forcément du pain sur la planche, car tout est à refaire à Odienné.
Tout a été profané. À la surprise générale, la terre de «Vakaba Youma», (actuel Odienné), est curieusement portée à bout de bras par des gens qui n’en auraient nullement la qualité si les us et coutumes n’avaient pas été sciemment bafouillé, pillé et torpillé. Tout est à refaire et à remettre en place, histoire de revenir aux valeurs et fondamentaux.
La ville d’Odienné, traînée par terre, piétinée, trahie, souillée et abandonnée qu’elle demeure par de dangereux aventuriers, devenus experts dans l’art de la propagande, du mensonge aberrant et éhonté, une campagne dégoûtante qui consiste à instrumentaliser et intoxiquer nos compatriotes à travers villages et hameaux du «District autonome du Denguelé» (c’est la nouvelle appellation) pour détourner l’intelligence de la nouvelle génération, occultant intentionnellement le nom «Kabadougou», appellation emblématique de baptême, donnée par l’ancêtre Vakaba Touré il y a plusieurs siècles.
Sale, boueuse, broussailleuse et ordurière par endroits, la voie centrale qui relie les quartiers «Yan ha fissa» (ici est mieux) et résidentiel, a été étrangement colonisée par de gigantesques nids de poules et de dépotoirs en croûtes, qui foisonnent au nez et à la barbe d’individus malhonnêtes, préférant détourner les devises dédiées au développement, pour leurs portefeuilles.
C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler aux cadres et élus, «stars» à Odienné, leur véritable devoir : La reconstruction active et effective de la ville, qui peine étrangement à démarrer depuis 14 ans sous l’égide de l’actuel régime, au moment même où «Ouattara champion» n’hésite plus à évoquer sa future retraite présidentielle, inquiète sérieusement.
Ils en porteraient irréversiblement la responsabilité si les choses demeuraient à ce stade..
Depuis plus de dix ans que le président est aux affaires, et alors qu’il aurait «tout donné», l’immigration clandestine et sauvage aux frontières avec le voisin Guinéen de Conakry, le chômage, l’insécurité, les conflits politiques entre familles et cadres, les disparités régionales, les injustices, sans oublier le taux inquiétant d’analphabétisme à l’échelle de la région qui inquiète et exaspère, en ont rajouté à la misère de ce brave peuple du nord-ouest ivoirien qui ne survit que grâce aux maigres revenus de l’anacarde.
Quand à la ville, habituée à produire des «scores soviétiques» à l’occasion d’élections présidentielles et locales pour le RHDP, rien n’a concrètement changé. Elle est par contre devenue sous Alassane Ouattara, une gigantesque ruine, sans âme, sans identité. La preuve indiscutable que ce bastion historique du RHDP n’a fait que de la figuration politique pour ne rien obtenir en échange durant tout ce temps, de son indéfectible engagement et fidélité déployés à la cause du Président. En clair, seule une petite colonie d’élites en ont profité, se moquant éperdument d’une population qui attend certainement leur faire payer ce qu’elle croit être une injurieuse trahison.
L’édition 2024 du Maouloud musulman devrait donner lieu à des réflexions intelligentes et fraternelles, pour dégager ensemble, main dans la main, la véritable thérapie qui devrait, à temps réel, redonner vie, développement, paix et stabilité à Odienné.
Tout est donc encore et toujours possible. Croisons donc les doigts. Bonne fête à tous et à bon entendeur…