Côte d’Ivoire, Abidjan Par TOURÉ Vakaba
Jeudi dernier, une dizaine d’individus issus des rangs des Forces Spéciales de Côte d’Ivoire, une des nouvelles unités d’élite des forces armées du pays, avaient livré un curieux pugilat, avec des fonctionnaires de Police, commis à la surveillance du violon, au sein même des locaux délocalisés de la Préfecture de Police de la ville d’Abidjan. Comme raison, les <<agresseurs>> ont expliqué leur <<expédition punitive>>, prétextant la présence probable dans le cachot, d’un des leurs, interpellé quelques heures plutôt, à l’occasion d’une patrouille de sécurisation. Alors que les généraux en charge du haut commandement militaire s’attellent à expliquer dans les casernes, postes de police et pelotons mobiles, la nécessité du silence, de l’unité et de la solidarité entre les forces, que des échauffourées éclatent à nouveau aux abords du lycée technique de Cocody, entre policiers venus surveiller les épreuves du concours direct d’entrée à l’école de police, et des éléments des forces spéciales, venus <<venger>> leurs collègues <<humiliés>> la veille à la préfecture de police. Bien avant, il se raconte que des policiers avaient été passés à tabac par des militaires, à Cocody, non loin du village de Blockhaus, au sud d’Abidjan. Un fait divers passé sous silence, car les bagarreurs ont réussi à se fondre dans la nature, impunément!
Dans son offensive de refondation de l’armée ivoirienne, le Gouvernement de l’ancien président Laurent Gbagbo avait dissout la force d’intervention rapide des para-commandos militaires d’Akouedo-FIRPAC. Cette unité, créée par l’ancien chef de la junte, Robert Guéï, sous l’ancienne appellation de l’armée de Côte d’Ivoire FANCI, était taxée d’être une invention des régimes précédents, pour « broyer » de l’opposition. À leur tour, il a plu au régime actuel de frapper à nouveau dans le tas et d’en faire une affaire personnelle. De la police à la gendarmerie en passant par l’armée, chacune des forces aura respectivement sa propre unité d’élite. Au demeurant, celle dite « Forces Speciales » bénéficiera de toutes les estimes, notamment, dans le camp de ceux qui en sont les penseurs.
Aidés <<d’amis, de partenaires locaux et étrangers>>, l’Union Européenne au premier plan, les nouveaux dirigeants ont entamé un gigantesque projet de réhabilitations en structures, en matériels et en hommes, au lendemain de la première prestation de serment du président de la République élu en avril 2011, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. La réussite de cette opération s’achève avec une satisfaction générale…mais l’insécurité galopante qui gangrène le pays, reste un plat de résistance inébranlable. Le phénomène des <<coupeurs de routes>> et des <<microbes>>,surnommés <<enfants en conflit avec la loi>>, demeurent quand aux deux cas, un véritable casse-tête chinois, que les autorités peinent à anéantir définitivement, au nez et à la barbe d’une armée pourtant suffisamment bien payée et relativement outillée. Malgré les multiples appels au <<calme>> et en la <<confiance>>, de nombreux ivoiriens semblent ne plus croire, et la peur, peu à peu, commence à se reloger, là où elle avait été soustraite, au soir du violent conflit post-électoral, qui avait fait officiellement « 3000 morts » , « 15000 » selon des ong agissant au plan local.
Aussi, plusieurs justiciables dénoncent avec <<regrets>>, un <<recrutement tribaliste>> d’individus n’ayant pas la qualité et la connaissance requises, et qui seraient chaque année déversés dans les rangs des forces de défense et de sécurité. Autant de faits et gestes qui placent les ministères de la défense et celui à charge de l’intérieur et de la sécurité, au centre d’un débat qui ne s’achève guère.
Le pays est encore en la recherche d’une armée solide, ayant un puissant pouvoir d’intimidation, en l’image de celles de l’Égypte, d’Afrique du Sud, du Nigeria, du Tchad, du Sénégal, du Niger…
Les chiffres régulièrement annoncés par les officiels peinent toujours à convaincre, à treize [13] mois des élections générales dont la plus attendue constitue la présidentielle. Dans les états-majors, les errements et imperfections des uns, font manifestement le choux gras des autres. Et c’est de bonne guerre. Quel abris sécuritaire pour le citoyen lambda, aux côtés d’une armée désagrégée, au point où des soldats en viennent aux mains…aux armes plutôt?
Ces soldats et fonctionnaires de police qui ont foulé aux pieds l’ordre et la discipline militaire, ont osé humilier la république et leurs hiérarchies respectives. Comme pour indiquer que tout est à reprendre. Les ivoiriens regardent. Ils exigent des explications claires et matériellement soutenues…
…Si ce n’est une étrange façon de célébrer un certain 19 septembre 2002, qui avait concédé une coupure en deux du pays. Si c’est le cas, et je doute, ce serait absolument dommage!
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