Côte d’Ivoire | Un étrange « faits divers » accable le Tribunal Militaire d’Abidjan

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CÔTE D’IVOIRE | SOCIÉTÉ

Inédit! Au vu des faits, tels qu’ils nous sont rapportés, il est question ici d’une des affaires criminelles des plus rocambolesques, qui met en cause le Tribunal militaire d’Abidjan [TMA] et des fonctionnaires de gendarmerie rattachés à la brigade de la ville de Divo. Explication!

Par TOURÉ Vakaba

Les faits remontent courant septembre 2018. Mais c’est une plainte en date du 03 décembre de la même année, écrite des mains de la « victime », qui répond en l’appellation sud ivoirienne de Tedje Liza Fabrice, qui va révéler l’affaire.

Reçue (la plainte) à la même date par le bureau courrier du Tribunal militaire d’Abidjan, sous le numéro 557 du 03 décembre 2018, le justiciable qui se déclare planteur, s’explique sans fioriture. « C’est pendant l’extension de ma plantation que j’ai abattu un arbre qui est tombé du côté du champ voisin (…). Par la suite, j’ai reçu une convocation m’invitant à me présenter au poste de police de la brigade de gendarmerie de la ville ». introduit le jeune homme qui côtoie à peine la trentaine.

Une fois en ce lieu, il indique avoir fait la découverte d’un individu répondant en l’appellation nord ivoirienne de Koné, auteur de ladite plainte. À l’occasion de sa déposition, celui-ci explique qu’une partie des plants de cacao lui appartenant, ont été « endommagés ». Qu’à cela ne tienne, le gendarme qui a qualité d’officier de police judiciaire, en charge du dossier, propose alors aux deux antagonistes, un constat d’usage, à mesure de situer clairement les responsabilités, histoire de faire échec aux allégations. Rendez-vous est donc pris sur les lieux. Tous sont présents, avec à leurs côtés, des témoins. Curieusement, « pendant le constat, les Koné protestent pour revendiquer la paternité de ma plantation » raconte Tedje Liza Fabrice, manifestement aux abois.

Retour au poste de police de la gendarmerie où il indique avoir été retenu pour « nécessité d’enquête ». En clair, logé dans un violon, comme l’autorise la procédure d’usage, le plaignant qui s’estime « victime », argue avoir vécu le « pire moment » de son existence.

Le forcené stipule avoir été copieusement « privé d’eau et de nourritures », par ses « geôliers » durant tout le temps qu’a duré son séjour au violon  de la brigade. Pire, il ajoute avoir été violemment battu par ceux-ci qui auraient tenté de le forcer à porter sa signature au bas d’un document dont il ignorait le contenu.

Informé, un homme du nom de Yoro Isidore, issu de la société civile locale, va se qualifier à joindre au moyen de son téléphone, le commandant de la compagnie de gendarmerie du département de Divo. Celui-ci instruira ses collaborateurs à « me conduire au CHR de Divo pour y recevoir des soins appropriés », reconnaît-il, avant d’ajouter,  » jusqu’à ce jour, ces gendarmes ne se sont jamais exécutés »

Le 09 janvier 2019, en réponse à la sollicitude du plaignant, le magistrat Contre-amiral, commissaire du Gouvernement, chef du parquet militaire d’Abidjan, autorise une « Réquisition aux fins d’enquête ». Kessi Ange Bernard Kouame veut y voir claire, vaille que vaille. Les enquêteurs ont 25 jours francs pour situer les procéduriers.

Ce dossier prend subitement tout son sens et s’intitule désormais » Ministère Public contre adj Doffou Asse Ambroise et Mdl Yatté Odi Dany. Chefs d’accusation retenus, coups et blessures volontaires, violation de consignes.

Passée en audience le 21 février dernier, le Tribunal Militaire, à en croire aux affirmations de la « victime », se serait curieusement déclaré incompétent pour rendre justice dans cette affaire qui continue d’alimenter les conversations dans le loh Djiboua.

« En dépit d’alibis matériels, appuyés de photos et de trois certificats médicaux »Tedje Liza Fabrice croit avoir été floue et projette se pourvoir devant une juridiction civile, espérant obtenir « justice et réparation ». Qu’est ce qui n’a pas fonctionné dans le traitement de ce fait divers particulièrement banal, pour que le TMA ne soit pas en mesure de trancher? Nous reviendront certainement sur cette affaire criminelle qui promet sûrement des étincelles.

(Reproduction interdite)