Le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly semble faire l’unanimité dans toutes les imaginations, mêmes les plus osées, dans l’entourage du Président
[Par TOURÉ Vakaba Abidjan•Côte d’Ivoire]
En réponse aux nombreuses interrogations relatives à sa volonté de candidature à la présidentielle de 2020, l’actuel chef de l’État ivoirien a toujours martelé vouloir « passer la main à une nouvelle génération ». Et pourtant! Plusieurs autres affirmations contradictoires du Président de la République en exercice, notamment, celles prononcées au moyen de médias interposés, tendent à trahir cette courageuse posture de l’intéressé, auquelle personne n’ose vraiment accorder du crédit.
Alors que le pays frappe aux portes des futures élections présidentielles dont la constitution prévoit juridiquement la tenue avant fin 2020, camarades et affidés du président se perdent en conjecture. Que pourrait il advenir au cas où Ouattara Alassane parvenait à prendre sa retraite? À cette question centrale, les avis sont moins évasifs! Le nom de l’actuel chef du Gouvernement, Coulibaly Amadou Gon circule sans cesse sur toutes les lèvres. En coulisses comme en public, de nombreux analystes voient plutôt cet ingénieur des grand travaux, succéder valablement au chef de l’État sortant. Ce qui n’est guère l’avis de nombreux détracteurs de celui-ci dont certains estiment en revanche le contraire. Amadou Gon Coulibaly, connu comme étant un homme discret et généreux, accuserait en effet, des « limites importantes dont l’une des plus remarquées reste son incapacité à mobiliser autour de sa personne, l’essentiel des ivoiriens qui ne le portent pas du tout en estime », dixit S.M, cadre de banque à la retraite.
» Ce que vous oubliez aussi, c’est que le Premier Ministre Gon ne connaît pas la Côte d’Ivoire et n’a jamais cherché à connaître les autres peuples. Sa limite c’est ici à Korhogo, alors que le pays va au delà. Comment peut on confier un pays important comme le notre à un homme qui l’ignore? Un peu de sérieux disons(…) » conclut il.
D’autres, plus durs estiment par ailleurs que le Premier Ministre est loin d’être un exemple de la diplomatie sociale. » Il n’a pas le sens du dialogue. Il est impulsif et hausse facilement le ton là où il doit plutôt tendre la main(…) », ajoute F.B, syndicaliste chevronné. Celui-ci explique avoir pris part à des séances de dialogues avec le Premier Ministre ivoirien qui n’ont pas produit les réponses attendues.
La communication diplomatique, le profile du Premier Ministre Amadou Gon semble un peu médiocre en la matière.
«La croissance a permis d’augmenter la ligne budgétaire, a permis d’améliorer le niveau de vie des Ivoiriens. Grâce à la croissance, le salaire des fonctionnaires a augmenté de 32% et les Ivoiriens ont aujourd’hui le sourire aux lèvres>> avait raconté le Premier Ministre Amadou Gon le 30 Avril de l’année dernière, cité par un journal en ligne local, intitulé Abidjan.net, dans une ambiance de contestation sociale relativement dangereuse. De nombreux ivoiriens s’étaient étonnés de l’affirmation du chef du Gouvernement qui était loin d’être vraie.
Le couple Gon reste pourtant un ami significatif de longue date au couple Ouattara. Tous les deux ont partagés des moments bons et moins bons. Ils se connaissent bien et se font confiance. Avant Amadou Gon, le tout puissant secrétaire général du rassemblement des républicains (RDR) d’alors, un certains Adama Coulibaly Nibi Zana, très tôt tombé en disgrâce, du fait de son alliance inattendue au régime du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’époque, était lui aussi presque logé à la même enseigne, mais n’a pu se donner les moyens de se relever. Ses partisans restent convaincus qu’Adama champion a été victime d’une cabale montée de toutes pièces par des cadres issus de sa famille politique. À Korhogo, chef lieu du Poro, le Fadégna (terme tiré du malinké qui signifie: conflit entre cousins et familles alliées), a le vent en poupe. Chaque grande famille demeure fondamentalement attachée à un Jocker.
« Si sa nomination dans les fonctions de Premier Ministre n’a rien changée, ne me dites pas que c’est lorsqu’il deviendra Président de la République que les sénoufos comprendront la nécessité de le soutenir ou le suivre aveuglément(…) » confie G.O, professeur de français, originaire de Korhogo.
L’expérience de la gestion administrative et de l’État, personne ne saurait le nier pourtant à Amadou Gon qui est un indiscutable vétéran du sérail. Les ressources humaines, il en sait quelque chose. Concernant sa capacité physique à diriger la Côte d’Ivoire, ses proches, discrets et moins bavards, rassurent! Depuis sa transplantation cardiaque survenue il y a quelques années, Amadou Gon se porte à merveille et tient durant des heures, réunions de cabinets, conférences de presse (…) sans couac. Il se déplace, se rend partout, défendre de grands dossiers liés au développement de son pays. À l’opposé, les détracteurs les plus déterminés du Premier Ministre soutiennent le contraire. Pour ceux-ci, les possibilités d’Amadou Gon à prendre la relève sont insuffisantes.
Les cas Guillaume Soro et Henri Konan Bédié qui s’ajoutent à ce dossier aux allures d’un chaudron, pourraient rendre complexe le choix à risque d’Alassane Ouattara, de passer la main à une nouvelle génération, au détriment du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et de Guillaume Soro Kigbafori, déterminés à lui barrer la route pour un troisième mandat. Depuis bientôt trois mois, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale parcourt villages et hameaux du grand nord, ralliant à sa cause, sénoufos, tagouanas, djiminis, malinkés, djoulabas (…); et la mayonnaise semble prendre, chaque fois que l’ancien patron des Forces Nouvelles prend la parole pour dénoncer les déviations du régime Ouattara.
Partira ou ne partira pas? Le Président de la république sortant peine jusque là à situer ses partisans du rassemblement des houphouetistes pour la democratie et la paix (RHDP-unifié). La bagarre élèctorale de 2020 pointe pourtant à grands pas. Qui vivra, verra!
T.V