Côte d’Ivoire, Abidjan, TOURÉ Vakaba

Hallucinant! Ce récit relève d’une des pires scénarios criminels des plus retentissants, magistralement réalisés en cette fin de siècle, par un homme à l’imagination intarissable. Au Tribunal Militaire d’Abidjan, procéduriers professionnels et d’ordinaires justiciables, continuent de s’interroger sur l’étonnant mode opératoire choisi par cet officier supérieur, jadis réputé intègre et professionnel, qui a réussi la prouesse de mobiliser plusieurs centaines de millions de FCFA au moyen de raccourcis dignes d’une pièce théâtrale.

Tel un vulgaire colis, le gendarme est cueilli en poids et en volume, par les fins limiers de la section recherches de la Gendarmerie nationale du pays, et conduit devant le Parquet Militaire à Cocody. Entendu et écroué, suite à plusieurs plaintes introduites en son encontre, le Lieutenant Colonel N’Guessan, médite depuis lors, comme un moine, dans le chaudron de la très redoutée Maison d’arrêt militaire d’Abidjan [MAMA].
Une fois reporté, son procès a pu finalement se tenir mardi dernier 09 juillet 2019 et a duré de 8h à 16h, en présence d’une foule de curieux au nombre desquels, une bonne dizaine de victimes.
À l’entame de l’audience, le Ministère public est largement revenu sur les détails des faits criminels mis en la charge du haut gradé.
Chef de service de l’escadron d’honneur de la Gendarmerie à l’occasion des faits, l’officier supérieur avait à charge la sécurité des hautes personnalités dont le Président de la République de Côte d’Ivoire. Tout ce qui peut compter pour une escorte d’État était son affaire. Du matériel roulant aux ressources humaines en passant par l’arsenal de musique. Au lendemain de son affectation à la tête de cette prestigieuse unité, discrètement logée sous la caserne d’Agban, dans le quartier populeux d’Adjamé [centre d’Abidjan], le Lt Colonel raconte avoir trouvé un service dans un état de total délabrement. Plusieurs motos en épave, du matériel de musique en partie vieillissant, des bureaux et immeubles hors d’usage. Stupéfait, le gendarme explique avoir saisi par écrit sa hiérarchie. Le précieux citoyen argue avoir également informé le Programme présidentiel d’urgence [PPU] au moyen de la même posture. Le coordonnateur de ladite structure défunte se transportera sur place pour se faire une opinion mécanique de l’ampleur des travaux. Des réunions vont avoir lieu simultanément au Ministère de la défense ivoirienne et dans les bureaux du PPU. Le nouvel affecté a hâte de mettre les choses en état de fonctionnement. Face à la lourdeur de ce processus qui tardait à se mettre en place, sans oublier les cérémonies interminables qui s’accumulaient au Palais de la Présidence de la République, et qui nécessitaient l’omniprésence de son service, l’officier supérieur à son idée à lui, qu’il ne siffle à personne.
Très vite, le fonctionnaire transforme son chauffeur, un sous officier placé sous son commandement, en un comptable improvisé. Celui-ci est chargé d’appâter des opérateurs économiques contre obtention de marchés publics. La stratégie va, en un tour de bras, s’avérer rapide et fructueuse. Face aux pesants galons du haut gradé, de nombreux chefs d’entreprises, qui convergent à son bureau, ne doutent aucun instant. La confiance s’y invite et le chef de service, doublé de son comparse de maréchaussée, arriveront à récolter d’importants numéraires au détriment du circuit administratif et à l’insu de sa hiérarchie. Interrogé sur l’irrégularité de sa démarche, le lt colonel affirme froidement avoir travaillé tout le temps avec le Directeur administratif et financier [DAF] du PPU. Une thèse fortement soutenue par des victimes qui ont martelé avoir été rassurées par ce dernier à l’occasion d’entretiens éclaires, dans les locaux de l’établissement.
Les explications chargées d’incohérences et de contradictions du patron de l’escadron d’honneur de la gendarmerie, se sont à chaque fois heurtées à l’impitoyable réquisitoire du Parquet militaire, qui a retenu contre lui, le délit d’escroquerie et de violation de consignes. En guise de répression, il a plu au procureur militaire, près ce Tribunal spécial, de requérir contre l’intéressé, un verdict record de vingt [20] ans de prison ferme. Après une suspension d’audience qui a duré plus d’une demie heure d’horloge, la présidente du Tribunal, plus clémente, a quand à elle, requalifié la peine de l’officier supérieur qu’elle a ramené à cinq [5] ans. Quand à son chauffeur en fuite, le chef du Parquet a exigé du Tribunal, l’émission d’un mandat d’arrêt international, en vue de l’amener, vaille que vaille!

By AGM News

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