Laurent, victime d’un crime oublié en Côte d’Ivoire.
Laurent Guilard, 48 ans, a été retrouvé mort le 29 septembre 2016 près d’Abidjan. Depuis, l’enquête n’avance pas, au grand désespoir des proches du défunt.
Il a quitté son travail lundi 26 septembre 2016 et n’y est jamais retourné. A cette époque, Laurent Guilard, originaire de Bourgogne, résidait depuis une dizaine d’années en Afrique, et depuis trois ou quatre ans à Cocody, près de la ville d’Abidjan.
Ce jour-là, le gérant de l’hôtel-restaurant « Comptoir des artisans » reçoit un appel à la suite duquel ce Français de 48 ans paraît perturbé, selon des collègues. Il prévient les employés présents qu’il doit quitter son poste plus tôt que prévu. Le lendemain matin, Laurent Guilard ne se présente pas au restaurant.
Le jeudi suivant, lorsque la police locale retrouve son corps « en état de putréfaction », elle constate des traces de violences. Sa tête est entourée d’un sac plastique fermé d’un nœud de cravate et un tuyau court de sa bouche à une bouteille de gaz réfrigérant posée à proximité. Selon une amie du défunt, ce dernier a été découvert au premier étage d’une maison en construction, à 5 km de son domicile. Porte fermée de l’intérieur, mais fenêtres ouvertes.
Le comportement étrange des policiers ivoiriens
Dans les premiers jours, la police ivoirienne interroge de nombreuses personnes : employeur, collègues du défunt, amis… Une enquête est ouverte. Elle n’écarte pas la piste du suicide. « Les policiers d’ici me soutenaient que Laurent avait mis fin à ses jours, raconte une amie. Mais je n’y ai jamais cru, c’était trop étrange comme mort. »
Le comportement des policiers ivoiriens interroge : « Ils me racontaient des mensonges à son propos, me disant que Laurent avait plusieurs enfants cachés. Je leur répondais que c’était impossible, qu’il était homosexuel », affirme une autre amie sur place.
« On a tout de suite pensé que les faits étaient liés à son homosexualité », confie Jean-Michel Guilard, le frère du défunt résidant à Dijon (Côte-d’Or).
Une thèse qui convainc beaucoup moins ses amis à Abidjan, en raison de la discrétion du Français. « Ici c’est assez mal vu, Laurent n’en parlait pas, peu de gens étaient au courant », estime l’un d’eux.
D’après les témoignages de proches, Laurent Guilard aurait changé de logement précipitamment dans les jours précédant son décès. Par ailleurs, au moment de sa mort, un procès l’opposait à son ancien employeur. L’audience de première instance devait même se dérouler quelques jours plus tard. Un litige remporté depuis par ses ayants droit. Le Français réclamait un an de salaires impayés à un hôtel de la station balnéaire de Grand-Bassam : l’ancien employeur a été condamné en appel il y a quelques semaines à verser une somme équivalente à un peu moins de 20 000 euros.
Plus d’un an sans nouvelles
Malgré les lenteurs de l’enquête à Abidjan, une autopsie est tout de même pratiquée. Mais à la suite de cet examen, les autorités locales confient aux proches que les résultats ne sont pas concluants. Le corps est alors incinéré et les cendres de Laurent Guilard sont envoyées à sa mère à Dijon. Et puis plus rien.
« Cela fait plus d’un an qu’on n’a aucune nouvelle, déplore son frère. On a tout essayé : le consulat de France à Abidjan, le ministère des Affaires étrangères, personne ne nous répond. »
En octobre 2017, la mère de Laurent Guilard dépose alors une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Paris.
De longs mois passent, la famille n’a plus de nouvelles.
« On ne sait même pas s’il y a une enquête en Côte d’Ivoire », déplore Jean-Michel Guilard. Selon une source judiciaire, une enquête pour meurtre a été ouverte à Paris le 24 mai 2018. Toutefois, la famille est encore loin d’obtenir les réponses qu’elle demande.