La justice française a condamné en appel ce lundi 10 février Teodorin Obiang, le vice-président de Guinée équatoriale, à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour s’être frauduleusement bâti un patrimoine considérable en France. La cour d’appel de Paris aggrave ainsi la condamnation prononcée en première instance. Le 27 octobre 2017, le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé la même peine d’emprisonnement contre le fils du président équato-guinéen, mais avait assorti l’amende de 30 millions d’euros du sursis.
Son peuple et les diplomates internationaux le savent dépensier et le soupçonnent de mener un train de vie somptueux aux frais de sa Guinée équatoriale. Le fils du président Obiang, également deuxième personnalité de ce pays d’Afrique centrale, condamné en France en 2017 à de la prison avec sursis pour blanchiment d’argent s’était également fait piéger par la douane brésilienne la même année.
En effet, plus de 16 millions de dollars en espèces et en bijoux avaient été saisis dans les bagages d’une délégation accompagnant Teodorin Obiang Mangue Nguema dans un aéroport brésilien, avaient annoncé plusieurs médias locaux samedi soir. Dans le détail, la police fédérale brésilienne avait saisi près 1,5 million de dollars en espèces dans une valise et des montres de luxe d’une valeur estimée à 15 millions de dollars dans une autre.
Peu de choses pour celui qui, au moment de son procès en France, avait un patrimoine qui donnait le vertige : des bijoux pour 10 M€, des œuvres d’art pour 15 M€, un parc automobile « hors du commun » et un palace de 4 000 m2 qui comprenait notamment un hammam et une discothèque…
Immunité diplomatique
Le fils de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 38 ans, faisait partie de cette délégation de 11 personnes arrivée ce jour là, à bord d’un avion privé près de Sao Paulo. Toutefois, la délégation n’était pas en mission officielle, seul M. Obiang bénéficiait d’une immunité diplomatique. Les autres membres ont eu leurs bagages fouillés par la douane et ont répondu à un interrogatoire, pendant que le vice-président attendait donc dans une voiture, à côté de l’aéroport.
Il ne s’agit certes pas de drogue mais la loi brésilienne interdit l’entrée sur le territoire avec une quantité d’espèces supérieure à 10 000 réais (environ 2 400 dollars). D’après une source diplomatique équato-guinéenne citée par le journal Estado de Sao Paulo, M. Obiang aurait amené cette grande quantité d’espèces pour payer un traitement médical qu’il devait suivre à Sao Paulo. Les montres, quant à elles, seraient destinées à « l’usage personnel » du fils du président, ses initiales étant gravées dessus.
Condamné en octobre 2017 à trois ans de prison avec sursis en France pour blanchiment d’argent, Teodorin Obiang Mangue Nguema s’est déjà rendu au Brésil à plusieurs reprises. En 2015, il a assisté aux festivités du célèbre carnaval de Rio de Janeiro, où une école de samba avait défilé sur le thème de son pays. Cette école avait remporté le titre, mais avait été fortement critiquée en raison de son financement présumé par le régime du président Obiang.