Il y a moins d’un mois, une furieuse altercation oppose deux villages voisins, tous logés dans la sous-préfecture de Bodokro, département de Béoumi. Des sources concordantes indiquent que de jeunes gens issus des petites localités de Petenou et de SamoÏkro se sont livrés à un pugilat, digne d’un rodéo, suite à une dispute portant sur une portion de terre que Petenou aurait volontairement abandonné aux mains de son voisin qui s’est autorisé à la lotir afin de l’attribuer à de nouveaux demandeurs. nos sources renchérissent qu’un groupe de jeunes de Petenou, loin d’accepter leur défaite face au courage et à la curieuse témérité de leurs compatriotes du village voisin, »venus les humilier à domicile », se sont par la suite organisés pour lancer une expédition punitive sur Samoïkro.
Le bilan de ce qui paraissait être un « match retour » reste particulièrement évocateur. En dehors des personnes blessées durant le rixe, « fenêtres métalliques et vitrées cassées et défoncées, engins à deux roues endommagés, murs de bâtiment en construction démolis, habitations incendiées… »
Très vite, une plainte pour « destruction de bien d’autrui » est introduite par la direction villageoise de Samoïkro. suspectés comme tel, de jeunes individus vont être plus tard interpellés par des fonctionnaires de la brigade de gendarmerie de Bodokro. En ce lieu, ils seront rapidement entendus avant de se voir déférés devant le parquet du tribunal de première instance de Bouaké. Depuis, les prévenus attendent d’être présentés au chef de parquet de la capitale du Gbêkê.
La mutuelle qui réunie les cadres des trois villages mitoyens du terroir, connue sous l’appellation de (Mudev-Pst) est aussitôt saisie de la situation. Priorité reste désormais d’accorder une chance en la négociation et de régler coutumièrement le problème, afin de passer ainsi aux réparations, mais dans un cadre purement familial.
Samedi 9 mai dernier, une réunion d’explication des dirigeants de la mutuelle, élargie aux chefs des deux villages a pu avoir lieu sous la houlette du chef de canton de Bodokro qui se fera représenter à l’occasion par nanan N’Guessan Koffi et le chef du village de Tionankansi, nana Me Kouamé, appuyé de l’essentiel de sa notabilité. A la suite d’échanges par moment houleux, les antagonistes se sont compris et ont décidé de réparations diverses pour enfin passer à autre chose…le chantier de la réconciliation, du vivre ensemble et de la cohésion sociale, unique gage d’un possible développement.
Accusé à tort où à raison d’avoir « pris partie pour un camp » pour avoir dit-on « favorisé » le déferrement des prévenus à Bouaké où ils croupissent depuis bientôt trois semaines dans le tristement chaudron de la prison civile, l’ancien maire, de Bodokro, Kouamé Attingbré, que nous avons interrogé au moyen du téléphone en début de semaine, ainsi que ce jeudi, affirme pourtant son engagement et sa détermination à faire libérer « les enfants ».
Vivement une sortie de « crise » définitive entre ces peuples dont la paix constitue irrévocablement le seul moyen de continuer à exister et de croire en un avenir franc et certain.