Par AGM News, envoyé spécial | Samedi 10 octobre! Il fait beau temps sur le quartier d’affaires du Plateau. Une colonne de corbeaux survole la grosse cuvette du stade Félix Houphouët-Boigny. Le dispositif policier est saisissant. L’on assiste à un déferlement humain inédit sur cette partie sud d’Abidjan.
La méfiance est de mise. La panique aussi. D’innombrables foules d’ivoiriens, venus répondre en l’appel de leurs leaders respectifs, inondent le périmètre du stade par vagues successives. Chants, tambours et grelots bourdonnent sans relâche.
Les voyous et autres racailles « juridiquement » surnommés par les actuels dirigeants, enfants en conflit avec la loi », y étaient « dignement » représentés, au moyen d’une redoutable délégation. C’est munis d’armes blanches et d’autres objets cantondants qu’ils ont semé tristesse et désolation, faisant de nombreux blessés parmis les manifestants qui continuaient d’affluer.
Le mercure monte dans les rangs des convives, la colère aussi. La Police et la gendarmerie, casquées, bottées, armes et autres baïonnettes aux poings, ont fait le rappel des troupes. L’alerte est maximale. Les autorités civiles et militaires en charge de la sécurité publique du pays ont concédé une mobilisation circonstancielle, en la dimension de l’événement.. Depuis la veille, les troupes ont opté pour une occupation territoriale du périmètre, histoire de parer aux éventuels débordements. Jusqu’à 11h, le stade est plein à exploser. Des places assises à la pelouse, en passant par les virages, plus aucun espace pour une fourmie. Les colosses structures qui cloisonnent l’énorme cuvette, ont tendance à céder. La pression à atteint son paroxysme.
« Face à l’adversaire, nous avons les mains nues. Eux, ils ont les microbes, même si nous avons des antibiotiques. Nous devons nous protéger contre les chars, les machettes, les fusils, contre tout ce qui signifie les armes de la mort. Il faut d’abord vivre pour combattre » a affirmé Henri Konan Bédié, président du parti démocratique de Côte d’Ivoire, qui fait figure de chef de file de l’opposition.
« C’est la désobéissance civile qui a permis à Nelson Mandela de libérer son peuple. A Gandhi d’obtenir l’indépendance de la grande nation de l’Inde. A Martin Luther King d’obtenir la reconnaissance des droits des Noirs aux Etats-Unis. Cette arme est redoutable et irrépressible. » a-t-il martelé, sous un tonnerre assourdissant d’ovations.
Les deux moitié du front populaire ivoirien (FPI) ont réussi le miracle d’abandonner leurs pugilats habituels pour se livrer à une sortie digne du combat de leur idole, Laurent Gbagbo, à ses débuts à l’aube des années 90. Tous les grands noms dont notamment, Mamadou Coulibaly ainsi que bien d’autres (nous y reviendrons) sont tous, tour à tour montés au pupitre pour dire « non » à la candidature d’Alassane Ouattara qu’ils jugent « hors-la-loi ».
» Quand il est venu, il y a 30 ans, il a orchestré un coup d’État et le peuple étant uni, il a échoué, après il a divisé le pays en deux. Depuis son accession au pouvoir, il a divisé tous les partis d’opposition en deux. L’art de Alassane Dramane Ouattara; diviser pour règner. » a renchérit le patron de L’idée.
Inauguré en 1952, « Géo André » reste le premier nom de baptême de ce mythique stade de football d’Abidjan, jusqu’en 1964. Devenu « stade Félix-Houphouët-Boigny » plus tard, en hommage aux grandes qualités de bâtisseur du « Bélier de Yamoussoukro », la monumentale cuvette va être surnommée par la suite « Félicia », par ses milliers d’adeptes, diminutif du nom du tout premier président de la république.
D’une capacité conventionnelle de 45 000 places assises, ce chaudron pourrait accueillir jusqu’à 50.000 spectateurs.
Des spécialistes de grandes mobilisations comme celle-ci, ont eu à évaluer à environ 100.000, le nombre de manifestants qui s’y sont transportés ce samedi..
(Toute reproduction, même partielle, interdite)