Un tiers des urbains de la région sont en surpoids, selon une étude publiée par l’OCDE, tandis que la sous-nutrition continue de sévir dans les zones rurales.

Evidemment, tous les pays ne sont pas également frappés par ce phénomène, puisqu’au Tchad comme au Burkina, l’obésité ne touche pas plus de 1 % de la population des villes et reste cantonnée à 7 ou 8 % dans les campagnes.

Les mesures de Cornelia van Wesenbeeck, chercheuse de l’université d’Amsterdam, montrent que plus globalement, un tiers des urbains d’Afrique de l’Ouest sont touchés par une épidémie d’embonpoint qui va de pair avec une augmentation du pouvoir d’achat. Le numéro d’octobre de Maps & Facts, la publication du CSAO, estime ainsi qu’« environ 42 % des urbains appartenant au quintile le plus riche » sont en surpoids ou obèses dans les villes. Ils représentent une « Afrique de l’Ouest qui connaît actuellement une transition nutritionnelle dans un contexte d’urbanisation rapide, caractérisée par l’évolution des habitudes de consommation alimentaire et par une activité physique réduite ».

« Double fardeau »

Mais face à cette Afrique de l’Ouest de l’hypercalorie, une autre partie souffre encore, elle, de sous-nutrition. Ce qui partage la région entre ceux qui mangent trop et mal et ceux qui mangent trop peu. Un « double fardeau » de poids quasi égal, puisque « plus de 58 millions de personnes souffrent d’insuffisance pondérale, tandis que 52 millions sont en surpoids ou obèses ». Cette suralimentation est même devenue « un enjeu aussi important que la sous-alimentation », et la somme des deux fait que « près de 110 millions de personnes n’ont pas une alimentation adéquate », soit 30 % des habitants des seize pays d’Afrique de l’Ouest, rappelle la chercheuse.

Et pendant qu’une partie du continent, urbaine, à l’aise, glisse doucement vers le trop-plein de l’assiette, l’Afrique rurale, pauvre, ne mange toujours pas à sa faim. Si les enfants sont largement épargnés par le fléau du surpoids qui touche les jeunes Européens ou Américains, ils restent les premières victimes du manque de nourriture et leur croissance s’en ressent. Quelque 15 % des enfants les plus pauvres dans les campagnes ouest-africaines souffrent encore de retard de croissance, contre 5 % des plus riches.

Plus globalement, sur les seize pays étudiés, « en moyenne, 21 % des enfants souffrent de retards de croissance sévères ou modérés en milieu urbain et 35 % en milieu rural ». Au Bénin, ces stigmates touchent même un quart des enfants, et 22 % au Nigeria. Et si en général la malnutrition est plus rare en ville, elle y a les mêmes effets sur ces populations vulnérables. Ce qui fait dire à l’OCDE que les citadins les plus pauvres souffrent autant de l’insécurité alimentaire que les ménages ruraux les moins favorisés.

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AGM News

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