Les autorités chinoises ont démenti, ce lundi, des informations du « Financial Times » selon lesquelles la Chine aurait lancé, en août, un nouveau missile hypersonique. Mais les Etats-Unis ont exprimé leurs « inquiétudes. »
Un signe supplémentaire de la volonté d’affirmation de la puissance chinoise ? Selon un article du Financial Times publié samedi, la Chine aurait testé une nouvelle capacité spatiale, en envoyant en août dernier un missile hypersonique en orbite. Plusieurs sources affirment ainsi auprès du quotidien britannique qu’un missile à capacité nucléaire a fait le tour de la Terre en orbite basse, avant de rater sa cible, de plus de 32 kilomètres, selon trois sources citées. LIRE AUSSI >> L’espace, nouveau terrain de jeu du « soft power » russehttps://bcb17dc66c98d89b387352c094d62489.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-38/html/container.html?n=0
Les autorités chinoises ont démenti, ce lundi, les informations du Financial Times. « Cet essai était un test de routine d’un véhicule spatial, destiné à tester la technologie de véhicule spatial réutilisable », a ainsi assuré devant la presse Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. En 2019, la Chine avait présenté un missile hypersonique, le DF-17. Une arme de portée intermédiaire, sous forme de « planeur », toutefois capable de porter des têtes nucléaires. Le missile mentionné par le FT, de nature différente, est lui en mesure d’atteindre l’espace, d’être placé en orbite avant de retraverser l’atmosphère pour frapper sa cible. De plus, ce type d’arme est manoeuvrable, contrairement à un missile balistique classique, ce qui rend la lecture de sa trajectoire et son interception difficile.
Le renseignement américain pris « par surprise »
Avec Pékin, Washington et Moscou, cinq autres pays développent cette technologie hypersonique. La Chine, elle, a développé la technologie de manière offensive. Elle y voit le moyen de contrer les avancées américaines, selon un récent rapport du Service de recherche du Congrès américain (CRS). Cette information, si elle devait être confirmée par les autorités chinoises, illustre le bras de fer auquel se livrent les puissances américaines et chinoises dans le domaine spatial. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les Etats-Unis disposaient en janvier 2021 de 5550 armes nucléaires, contre 350 pour la Chine. Un décalage que souhaite combler la Chine. LIRE AUSSI >> J.P Cabestan : « Les risques d’incidents armés entre la Chine et les Etats-Unis vont se multiplier »
La récente démonstration de force de la Chine inquiète les Etats-Unis. Elle aurait ainsi, selon le FT, « pris le renseignement américain par surprise. » Une crainte exprimée publiquement par le porte-parole du Pentagone, John Kirby : « Nous avons clairement exprimé nos inquiétudes concernant le développement militaire que la Chine continue de poursuivre, qui ne fait qu’accroître les tensions dans la région et au-delà. » Une inquiétude également partagée par le représentant permanent américain en charge du désarmement à Genève (Suisse), Robert Wood.
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L’ambassadeur américain en Suisse a ainsi souligné que les Russes disposaient eux aussi de cette capacité hypersonique et affirmé que les Etats-Unis « s’étaient retenus de poursuivre » jusque-là le développement militaire de cette technologie. Mais face aux démonstrations chinoises, « nous n’avons eu d’autres choix que de réagir dans la même veine », a-t-il ajouté. L’armée américaine a ainsi récemment annoncé avoir testé avec succès son missile hypersonique HAWC (Hypersonic Air-Breathing Weapon Concept). Signe que, entre Pékin et Washington, le rapport de force se poursuit, dans tous les domaines.