Abidjan | Par TOURE Vakaba

Alors qu’ils étaient nombreux à croire que la Côte d’Ivoire était désormais loin de ses vieilles casseroles, <<l’éléphant>>, s’est à nouveau embourbé, étalant ses interminables caprices.

Proclamé « président de la république élu » en octobre 2010 à Abidjan, et investi en cette qualité en avril 2011, à Yamoussoukro, Alassane Ouattara reconnaît avoir été élu dans des conditions « difficiles »… tout comme son prédécesseur, qui lui, rétorquait plus tôt l’avoir été dans des conditions « calamiteuses ».

Il faut dire que depuis son rappel à dieu « le petit matin du 07 août 1993″, l’ancien chef de l’État, Felix Houphouët-Boigny, aura laissé en héritage à ce qui restait de l’élite politique locale, de ce petit pays issu de la défunte Afrique occidentale française (AOF), une nation politiquement sans direction, voir sans âme. Depuis l’accession à polémique de son « dauphin constitutionnel », Bédié Aimé Henri Konan, aux affaires, renversé six années plus tard, au moyen d’un soulèvement militaire, jusqu’à l’avènement « contesté » en la tête de l’État, de l’ancien président de la république Laurent Gbagbo, l’administration politique ivoirienne n’a jamais pu fonctionner comme il se doit. Et pourtant! Appuyé à l’époque, d’un gigantesque programme de gouvernement de quatre-vingt dix neuf (99) pages (caractère 14), l’actuel chef de l’exécutif, dont on ignore encore les prétentions pour 2020, avait juré de faire de la réconciliation et de la reconstruction, deux leviers autours desquels sa gouvernance devait s’articuler. « Mais hélas! », S’emportent de nombreux ivoiriens, distants de sa chapelle politique, qui expliquent que « le président s’est plutôt concentré sur la reconstruction physique et les affaires, plutôt que de chercher des voix et moyens pour nous réconcilier (…) ». Un avis, pas forcément partagé par les affidés du chef de l’État sortant, étrangement intéressés à une troisième mandature de l’intéressé dans le cadre de la très attendue présidentielle d’octobre 2020.

Les événements en cours en Côte d’Ivoire trahissent littéralement cette photo de couverture qui illustre la page Facebook du président ivoirien

Le <<Vivre ensemble>> est-il possible sans <<réconciliation>>?

La question est prise au sérieux en Côte d’Ivoire et revient quasiment dans toutes les conversations et débats d’opinions liés en l’avenir du pays. Pour beaucoup d’intellectuels, alors que les actuels dirigeants se félicitent d’être parvenus à circonscrire la guerre de dix jours qui aura significativement abimé la cohésion sociale, l’important chapitre relatif en la réconciliation, demeure, lui, dangereusement entier. Pendant ce temps, les institutions du pays, s’affairent à réaliser les fouilles des prochaines élections générales, au mépris d’un environnement social extrêmement électrique. C’est justement à ce stade que le « vivre ensemble », considéré jusque là par certains comme étant une « banale terminaison lexique » prend tout son sens. Parallèlement aux discours mielleux du gouvernement sur ce motif, les ivoiriens semblent toujours profondément divisés, partagés entre plusieurs courants politiques, du nord au sud et d’est à l’ouest. En toile de fond, la rétention notamment de Laurent Gbagbo au centre carcéral de la Haye et le « reniement » de Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale, meneur principal des combats fratricides qui ont porté l’actuel chef de l’État au pouvoir.

Une bien vieille époque qui en dit très long!

En claire, une grande moitié des ivoiriens estiment que l’éloignement de l’ancien président et de son ancien ministre des sports de leur pays, est manifestement la preuve du refus de contradiction et de réconciliation du chef de l’État actuel, soutenu de ses camarades du rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Ils en veulent d’ailleurs pour preuve, le « pugilat » que les camps Ouattara et Guillaume Soro se livrent depuis lundi 23 décembre dernier, à travers accusations et communiqués interposés, qui consisterait selon des observateurs avisés, à empêcher la très sérieuse candidature à l’élection présidentielle du second, fin octobre 2020. Les affirmations et preuves exhibées depuis plusieurs jours par les officiels au moyen de la télévision d’État, pour accuser l’ancien patron de l’hémicycle « d’atteinte en la sûreté de l’État et de détournement de deniers publics » sont elles suffisantes et crédibles pour rafler les faveurs des hésitants et à éloigner le député de ferkessedougou du diapason politique national? Pas si sûr! Car les partisans de cet activiste de 46 ans, originaire du nord, crient à un complot ourdit contre leur « mentor ». Le pays parviendra-t-il à vaincre ses vieux démons?

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