Ce dimanche 9 juin, des soldats nord-coréens ont brièvement franchi la frontière avec la Corée du Sud, dont les militaires ont effectué des tirs de sommation pour les faire battre en retraite, a annoncé, ce 11 juin, l’état-major interarmées sud-coréen.
« Des soldats nord-coréens travaillant à l’intérieur de la DMZ sur le front central ont brièvement franchi la ligne de démarcation militaire », a déclaré, le 11 juin, l’état-major interarmées sud-coréen (JCS) dans un communiqué, en faisant référence à la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux États ennemis depuis 1953. « Après que notre armée a diffusé des messages d’avertissement et effectué des tirs de sommation, ils se sont repliés vers le nord », a-t-il poursuivi. « Hormis la retraite immédiate des soldats nord-coréens après nos tirs d’avertissement, aucun mouvement inhabituel n’a été observé. »
Selon le porte-parole du JCS, il s’agissait vraisemblablement, ce 9 juin, d’une incursion accidentelle. « La situation ce jour-là était que la DMZ était envahie par la végétation et que le signalement de la ligne de démarcation militaire n’était pas clairement visible », a-t-il expliqué à la presse. Les soldats nord-coréens « se déplaçaient à travers les buissons, et nous les observions avant même qu’ils ne s’approchent de la ligne de démarcation », a-t-il poursuivi. « Nous pensons qu’ils n’avaient pas l’intention d’envahir, étant donné qu’ils se sont immédiatement repliés vers le nord après les messages et les tirs d’avertissement. »
Tester l’armée sud-coréenne
Les côtés nord-coréen et sud-coréen de la DMZ, large de 4 km, sont lourdement fortifiés, mais la ligne de démarcation elle-même, située au milieu de la zone, n’est matérialisée que par de simples panneaux plantés tous les 100 mètres et qui n’ont pas été remplacés en plus de 70 ans. Les soldats des deux camps patrouillent régulièrement à l’intérieur de la DMZ, ce qui donne parfois lieu à des accrochages.
L’incident de dimanche est survenu alors que les relations entre le Nord et le Sud traversent une période parmi les plus tendues depuis des années. Les deux pays restent techniquement en guerre, le conflit qui les a opposés de 1950 à 1953 s’étant terminé par un armistice et non un traité de paix. L’incursion de dimanche pourrait être une « petite provocation » destinée à tester l’armée sud-coréenne, a estimé Ahn Chan-il, un ancien transfuge qui dirige le World Institute for North Korean Studies. « Cela pourrait aussi faire partie des préparatifs de ce que Kim Yo Jong a décrit comme de « nouvelles contre-mesures » » contre le Sud, a dit M. Ahn à l’AFP, en se référant à la sœur de Kim Jong-un et porte-parole en chef du régime nord-coréen.
Des centaines de ballons lestés d’immondices
Pyongyang a innové ces dernières semaines dans ses méthodes pour importuner Séoul en envoyant vers la Corée du Sud des centaines de ballons lestés d’immondices telles que mégots de cigarettes, papier hygiénique, et jusqu’à des excréments d’animaux. Le régime nord-coréen entend riposter à l’envoi vers le nord par des associations de transfuges, également par ballon, de tracts hostiles au dirigeant Kim Jong-un et à sa famille, de dollars en petites coupures et de clés USB contenant de la k-pop et des séries sud-coréennes. Séoul ne peut légalement empêcher ces envois.
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Début juin, le gouvernement sud-coréen a totalement suspendu un accord militaire conclu en 2018 pour réduire les tensions et a recommencé à émettre de la propagande par haut-parleur le long de la frontière, en représailles aux ballons d’ordures. La Corée du Nord – qui avait pour sa part déjà jeté l’accord de 2018 aux oubliettes l’an dernier – a mis en garde Séoul contre « une nouvelle crise ». Selon l’armée sud-coréenne, le Nord est actuellement en train d’installer lui aussi des haut-parleurs de son côté de la frontière, laissant présager d’intenses duels de propagande hurlante. Ces duels sonores étaient fréquents depuis les années 1960, mais avaient été suspendus en 2018 à l’occasion d’un réchauffement des relations.
Rebrancher les haut-parleurs, une décision lourde de conséquences
La décision d’abandonner l’accord de 2018 et de rebrancher les haut-parleurs pourrait être lourde de conséquences, si l’on en croit les précédents. Se plaignant de l’envoi de tracts de propagande contre son régime depuis le Sud, la Corée du Nord avait, en 2020, coupé tous les liens officiels de communication militaire et politique avec son voisin, et démoli à l’explosif un bureau de liaison intercoréen situé de son côté de la frontière. Le Nord a également menacé dans le passé de tirer au canon sur les haut-parleurs sud-coréens si le son n’était pas coupé. L’abandon de l’accord de 2018 signifie également que l’armée sud-coréenne peut reprendre les exercices à munitions réelles près de la frontière. Cet accord était le fruit d’un rapprochement intercoréen promu par le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in, qui avait rencontré Kim Jong-un à plusieurs reprises. En 2020, le Parlement sud-coréen avait adopté une loi interdisant d’envoyer des tracts de propagande vers le Nord. Mais la Cour constitutionnelle a invalidé le texte l’an dernier, en jugeant qu’il violait la liberté d’expression